Mais cette fois, dimanche approche, alors il va falloir choisir. Pas question de s’abstenir, je fais miens les mots de Patrick Pelloux : « Allez voter, l’ennemi c’est l’abstention, l’ennemi c’est le silence ».
Alors dimanche, je rentrerai plus tôt de Rennes, un covoiturage à 14h et
j’irai voter. J’ai fait mon choix, je choisirai la liste citoyenne « Nos
vie d’abord ! » du front de gauche, emmenée en île de France par Pierre
Laurent, Éric Coquerel et Clémentine Autain.
C’est un choix qui ne va pas de soi pour le militant socialiste que je
suis. Mais, ni trahison, ni abandon, ni désertion, c’est finalement, le choix
de la raison. Je veux dire, en quelques lignes, pourquoi.
D’abord parce que depuis de longs mois, je fais partie d’un collectif. Celui
qui a décidé d’agir et de militer ardemment pour qu’un nouveau chemin s’ouvre à
gauche. Refusant de voir notre camp s’embourber, s’entêter et finalement
s’échouer dans l’impasse des grands renoncements. Refusant la résignation qui
consiste à regarder, impuissant, la gauche disparaître dans le coin du
rétroviseur. Nous nous sommes donc mis en mouvement.
Ce combat pour l’émergence d’une alternative à gauche, qui rassemblerait
sans exclusives, tous ceux qui n’ont pas renoncé à transformer la
société : socialistes en rupture, écologistes, forces du front de gauche
et énergies citoyennes, nous l’avons mené sur de nombreux terrains. Sur le
terrain politique, dans notre parti, à l’occasion du congrès de Poitiers. Sur
le terrain social, à l’occasion des nombreuses mobilisations auxquelles nous
avons participé. Sur le terrain culturel, en construisant des convergences
idéologiques, toujours plus solides, avec les autres sensibilités de la gauche
autour d’une nouvelle matrice : celle de l’éco-socialisme. Alors, il
serait finalement absurde de ne pas mener ce combat pour une alternative sur le
terrain démocratique à l’occasion de ces élections régionales. Il serait
absurde d’oublier cette tâche le temps d’un dimanche électoral, de voter comme
si de rien n’était. Ne laissons pas notre volonté de construire un autre chemin
à la porte du bureau de vote, comme on y laisserait son chien.
Le bureau de vote ne doit pas être un sanctuaire imperméable à nos
réflexions, à nos convictions profondes et à nos combats au prétexte de « responsabilité »
ou de vote « utile ». Le vote est utile quand il est au service d’une
stratégie politique claire et lisible. La nôtre est de recomposer la gauche
pour proposer un nouveau chemin. Le bureau de vote est un immense espace
démocratique. C’est là que commence toute construction politique, que fleurit
toute ambition collective. Saisissons-nous en.
Certes, en île de France, comme dans de nombreuses régions, notre volonté
commune de bâtir une alternative ne s’est pas traduite dans une dynamique
politique unitaire rassemblant, au-delà des chapelles partisanes. Comme
souvent, les petits sectarismes, les petits réflexes d’appareils et les petites
considérations personnelles des uns et des autres nous ont encore conduis à un
grand échec : celui de ne pas réussir à présenter des listes qui
fédéreraient les forces de gauche sincères et l’immense énergie citoyenne qui
sommeille dans notre pays. Il y a un an, Benoit Hamon, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon
participaient à un débat télévisé sur France 2 : « Une autre
politique est-elle possible ? » Tous répondaient oui. Ce grand « Oui », nous avons échoué à
le traduire dans une démarche politique nouvelle.
Mais les listes citoyennes du front de gauche sont celles qui sont restées le
plus fidèles à cette ambition. Il ne faut pas détourner le regard au moment où,
se créé un embryon, même fragile, de l’alternative que nous voulons.
Ces listes se sont illustrées par la volonté d’élargir le rassemblement que
constitue le front de gauche à une démarche inédite plus large. Des choix ont
été engagés pour se donner les moyens d’une réelle implication citoyenne,
au-delà des intentions. L’édifice final est instable, bien sûr. Mais la
campagne a été collective, animée par un trio de candidats, les listes ont été
largement ouvertes aux citoyens non-encartés, aux acteurs associatifs et
syndicaux qui font vivre les luttes dans notre région. Enfin, un programme
politique clairement ancré à gauche a fait la démonstration que la gauche n’était
pas condamnée à une perspective « gestionnaire », mais qu’elle
pouvait encore placer, au cœur de son action, la ferme volonté d’agir pour
vivre mieux.
Dans l’offre politique qui nous est soumise, faire le choix, au premier
tour, de voter pour les listes du front de gauche, c’est donc traduire dans le
champ électoral, la volonté politique qui est la nôtre de faire émerger une
alternative à gauche. Bien sûr cela ne suffira pas. Comme il n’est pas de sauveur suprême, il n’est pas de baguette magique et un vote ne fera sans doute pas le printemps. La tâche qui sera la nôtre au lendemain des élections régionales sera aussi grande que celle qui était la nôtre hier. Mais une performance électorale des liste citoyennes et écologistes, à quelques mois d’une campagne présidentielle qui s’avance, sera incontestablement un point d’appui pour celles et ceux qui feront le choix de construire une candidature alternative à gauche en 2017.
Voilà mon choix. Ni trahison, ni abandon, ni désertion. Mon choix de la
raison, mon vote utile.
Enfin, dès lundi, dans le RER de 7h18 qui m’emmènera travailler, une
nouvelle question se posera : « Et maintenant, je vote
quoi » ? La dessus, je veux être clair, il n’y aura pas l’ombre d’un
doute. Aucune tergiversation. La liste de gauche arrivée en tête au premier
tour devra emporter tous nos suffrages au second. Parce qu’il s’agira de nous
protéger des ravages profonds et des grandes régressions que nous réservent la
droite et l’extrême droite si elles parviennent aux responsabilités. Leur
action nuirait gravement à nos régions, culturellement, économiquement,
socialement. Il n’est pas question de laisser faire.
Aller, je termine mon café, mon train pour Rennes m’attend.
et s"il y'a deux listes FN/Republicains?
RépondreSupprimerEt si...
RépondreSupprimerLe seul argument de beaucoup contre le fait de voter pour le FDG c'est : "Et si..."
Cela montre quand même la pauvreté du raisonnement et des propositions "Et si..."
Cher camarade,
RépondreSupprimerLes journalistes incompétents de RTL relaient ton article comme s'il s'agissait d'un article de Jean-Luc Mélenchon, parce que ce dernier l'a relayé par un tweet. Y compris tes intentions de vote au second tour, qu'ils lui attribuent : http://www.rtl.fr/actu/politique/elections-regionales-2015-en-le-de-france-jean-luc-melenchon-votera-pour-la-liste-de-pierre-laurent-7780744174
Le commentaire que j'ai posté sur leur site il y a une moins d'une heure pour mettre le doigt sur cette erreur et dénoncer l'amateurisme des journalistes, a été supprimé. S'il t'arrive de tweeter, tu pourrais dénoncer cette erreur.
Bien à toi
Il n'y aura pas de liste de gauche au second tour... Enfin sauf si vous considérez le PS comme à "gauche".
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