Deux
mobilisations que les médias et ceux que nous appellerons les « démobilisateurs
de tous bords » se sont empressés d’opposer, de monter l’une contre
l’autre, pour mieux les affaiblir. Diviser pour mieux régner. Certains ne
savent décidemment faire que cela.
La réalité est
toute autre. Le 12 et le 23 septembre ne sont pas en concurrence, pas plus
qu’ils ne seraient en opposition comme certains s’évertuent à nous le faire
croire. Ces mobilisations sont complémentaires, elles convergent, se
nourrissent, se renforcent l’une et l’autre pour construire un puissant
mouvement de résistance social et politique et s’opposer efficacement à la
grande offensive anti-sociale d’Emmanuel Macron.
D’abord tous en grève le 12 !
La journée de
grève et de manifestation du 12 est d’une importance capitale ! A
l’initiative de la CGT, des milliers de militants se sont apprêtés tout l’été
sur leur lieu de travail pour préparer cette mobilisation. Il s’agit d’en faire
une véritable démonstration de force actant la volonté farouche du monde du
travail de défendre ses acquis et ses droits. La grève doit être la plus large
possible parmi les salariés du public et du privé, elle doit s’étendre à de
nombreux secteurs. Dans cette perspective, la décision de nombreuses
fédérations et unions départementales de Force Ouvrière de se joindre à la
lutte est une bonne nouvelle. L’unité syndicale est toujours promesse de
mobilisation.
A ce propos, apportons
une précision : Pas de mauvais esprit ou de réquisitoire en trahison. Les
militants syndicaux de FO sont nos camarades. Des combats que nous avons mené
en commun, nous gardons en tête leur sincérité d’engagement et leur
détermination à défendre les intérêts du monde du travail. Accueillons-les
chaleureusement dans les manifestations !
Au côté de
l’ensemble de ces acteurs syndicaux, la France Insoumise prendra toute la place
qui est la sienne pour faire de cette journée une réussite. Dans de nombreux
territoires, les insoumis-es sont d’ores et déjà partie prenante des collectifs
unitaires qui se sont organisés. Ils relaient l’appel à la mobilisation. Parmi
ceux qui le peuvent, un grand nombre seront en grève ce jour-là.
Jean-Luc
Mélenchon lui-même a appelé, à de nombreuses reprises, à prendre part à cette
mobilisation. Il a réaffirmé qu’il serait présent dans le cortège. Précisant
que cela serait le cas de « tous » les députés de la France
Insoumise. Notre groupe parlementaire sera donc le seul dont l’ensemble des
membres élus défileront aux côtés des salariés mobilisés. Cette démarche est
résolument conforme à la vision de l’activité parlementaire que nous avons :
lier le travail à l’assemblée aux luttes sociales, écologiques, démocratiques
qui animent notre société.
Malgré cela,
les commentateurs de tous poil continuent à semer le trouble et la division. La
palme revenant à Luc Carvounas, député PS et ancien lieutenant de Manuel Valls
en mal de notoriété médiatique, qui n’a pas hésité à déclarer :
« Mélenchon, pourquoi il ne se joint pas aux syndicats ? Qu’est-ce
qu’il veut démontrer ? ».
Et pour que l’écran
de fumée soit total, les critiques ne viennent pas que du camp d’en face. Les médias,
eux-mêmes, se font le relais de cette propagande divisionnaire. Ainsi, Alexis
Corbière s’est-il vu posé, sur RTL, la question suivante : « La CGT
manifeste le 12 et vous lui flanquez une manifestation le 23 ? » et
le 5 septembre, le JDD titrait avec délectation : « Mélenchon et
Martinez en concurrence pour prendre la tête de la lutte contre Macron ». A
ce stade, la manipulation devient grossière.
Puis tous à Paris le 23 !
Alors après le
12, retrouvons-nous à Paris le 23 septembre ! Cette fois, il s’agira de se
mettre en mouvement et de déferler à Paris pour une grande marche populaire. En
aucun cas, la prétention de la France Insoumise ne sera de contester, de
contourner ou de prétendre remplacer le rôle et l’action centrale des
organisations syndicales dans la bataille qui s’avance. L’histoire nous a
enseigné leur utilité. Nous savons que c’est au travers ces organisations que
vivra la grève et sa contagion souhaitable dans tout le pays.
Le 23
septembre il s’agira donc de faire une démonstration de force politique pour
soutenir et appuyer le mouvement social porté par ces organisations. Il s’agira
de lui donner de la force en élargissant les secteurs de la société qui
basculeront dans l’action pour s’opposer à la casse sociale de ce gouvernement.
Le mot d’ordre est clair : « Contre le coup d’état social » !
Contre la « loi travail » d’abord. Et contre son monde. Celui
dans lequel on baisse les APL au détriment des plus fragiles d’entre nous.
Celui dans lequel on supprime 150.000 emplois aidés, constituant le plus grand
plan social de ce pays.
Il s’agira de
forger, dans l’action, une volonté collective : celle de rompre avec
l’hégémonie libérale et capitaliste qui a contaminé une trop grande partie du
champ politique. Dans cette guerre de position, nous montrerons que nous sommes
des centaines de milliers convaincus que notre société peut emprunter un autre
chemin. Ce souffle puissant donnera une énergie considérable aux secteurs qui
reconduiront la grève.
Certains s’inquiéteront de voir
Jean-Luc Mélenchon vouloir étendre son hégémonie sur la contestation.
Réponds-leur tranquillement que ce n’est pas notre objectif. Et si leur
inquiétude demeure, la meilleure façon de la dissiper est justement d’investir
cette grande marche du 23. A l’instar de Benoit Hamon qui a annoncé sa
participation. Faisons également le pari que les communistes, attachés à une
haute tradition de lutte et de mobilisations politiques et sociales ne rateront
pas ce rendez-vous.
D’autres jugeront
que cette initiative « manque d’unité à destination des autres forces de
gauche ». Que les choses soient claires. Tous sont les bienvenus. Mais il
n’est pas question ici de bricoler un nouvel attelage qui se bornerait à
additionner ce qu’il reste d’appareils partisans, en état de délabrement avancé
pour certains. Il s’agit de proposer directement au peuple, en tant qu’entité
politique, un cadre de mobilisation qui lui permette pleinement de se mettre en
action, de faire irruption dans le champ politique et de donner à entendre ses
colères et ses aspirations. Chacun y aura sa place. Chacun y sera accueilli
avec bienveillance, celui qui aura fait grève le 12 comme celui qui n’aura pas
pu. Celui qui milite dans un parti comme celui qui n’y milite pas. Il ne doit
pas y avoir aucune exclusive. Ce qui comptera, ce sera le nombre.
Ne faisons
donc ni le jeu des démobilisateurs cyniques, ni le jeu des divisionnaires.
Faisons-en sorte, chacun à notre place, que la grève soit la plus large possible
le 12 septembre, puis que la mobilisation soit générale le 23. Nous en avons
les moyens. La résistance politique et sociale aura alors de beaux jours devant
elle. Nous pourrons gagner.