mardi 30 septembre 2014

Rassembler l'aile gauche pour rassembler la gauche!

Les 3, 4 et 5 octobre prochains, se tiendront les universités de rentrée de Maintenant la Gauche et d’Un Monde d’Avance, les deux courants de l’aile gauche du parti Socialiste depuis le dernier congrès de Toulouse. Mais si celles-ci ont lieu le même Week-End, elles se tiendront… à près de 700 km d’écart.

En effet, les premiers se rassembleront dans l’Essonne, tandis que les seconds se réuniront dans les Landes. 686 km exactement.

Pourtant, en lisant les programmes des uns, comme des autres, tous partagent une perspective commune à l’occasion de ce Week-End : rassembler les forces de gauche fidèles à la transformation sociale. « L’intervention d’invités issus des différentes forces de gauche sera au programme pour continuer à travailler aux convergences sans lesquelles rien ne sera possible. » affirment les premiers. « Nous souhaitons laisser une large place au débat collectif, en invitant de nombreux partenaires à intervenir, tant socialistes qu’issus de la grande famille de la Gauche et du progrès social. » écrivent les seconds.

Tous partagent également une ambition celle de réorienter la politique austéritaire du gouvernement. Lorsque les premiers déclarent « Ce rassemblement sera l’occasion de débattre des perspectives qui sont devant nous pour réorienter l’action de la gauche au pouvoir dans un sens plus fidèle aux aspirations de la majorité sociale et électorale. », les seconds affirment : « Depuis le début, nous avons œuvré pour rassembler toutes celles et ceux qui appellent à un changement de cap. Pour poursuivre dans ce sens, nous vous attendons, nombreuses et nombreux ».

Puisque les perspectives sont communes : fédérer les forces de gauche anti-austéritaire disponibles, et que l’ambition est la même : affirmer qu’une autre politique est possible à gauche, nous, militants de l’aile gauche du Parti Socialiste, regrettons ce clivage artificiel qui nous sépare.

Nous ne jetons la pierre ni aux uns, ni aux autres, nous ne cherchons pas à savoir de quel camp est la responsabilité (si tant est qu’elle relevé d’un camp en particulier), nous ne nions pas les difficultés de calendrier et les contraintes d’agenda. Nous n’ignorons pas non plus les divergences qui ont pu nous distinguer par le passé (essentiellement d’ordre stratégique). Mais à l’heure où le fond de l’air se trouble et que le précipice nous guette, au moment où ce qui nous rassemble est indéfiniment plus fort que ce qui nous divise, nous souhaitons affirmer avec force que nous ne serons jamais en capacité de rassembler les forces de gauche, si nous ne parvenons pas à faire, d’abord, l’unité de toutes les sensibilités de l’aile gauche du parti. Le talisman, si précieux, de l’unité des forces progressistes n’est la propriété d’aucun d’entre nous. Pire, il n’est à la portée d’aucun courant, d’aucun groupe politique sans l’association, pleine et entière, de ses voisins de palier. On ne complète pas le puzzle s’il manque des pièces.

Nous irons donc, chacun dans nos universités de rentrée dans quelques jours. Nous porterons des analyses et des perspectives identiques, et nous ferons entendre, à Bierville, comme à Vieux-Boucau, notre volonté et la nécessité de travailler ensemble désormais.

Enfin, nous proposerons l’organisation d’une grande journée de travail rassemblant, élu-e-s, responsables et militant-e-s issus des différentes sensibilités de la gauche de notre parti, sans exclusive, dans le but d’échanger collectivement et publiquement sur les perspectives que nous devons construire.

Le rassemblement commence par là. Il n’est pas trop tard, mais il est juste temps. Il est indispensable.

Mathurin Levis. 
Rached Zehou. 



lundi 29 septembre 2014

Beaucoup de bleu et du venin.

Depuis hier 17h, les communicants du Parti Socialiste s’affairent et le premier secrétaire du parti redouble d’efforts pour minimiser le basculement du sénat à droite. « Le résultat marque une belle résistance du Parti Socialiste et de ses alliés » affirment les premiers. « Pas de vague bleue » renchérit le second. Les généraux assurent la propagande affirmant que l’armée (en déroute) fait preuve d’un « belle résistance ».
 
Assez de duperies. Il faut regarder la situation avec lucidité.
 
Hier, la gauche a perdu la majorité qu’elle avait conquise, au sénat, pour la première fois il y a trois ans. Les progressistes (dans toutes leurs composantes), ont reculé, cédant 26 sièges tandis que le bloc de droite consolide une nette majorité, progressant de 20 sièges. Le FN jusque-là toujours tenu à l’écart de la chambre haute, conquiert deux sièges.
La sanction est lourde. La gauche recule, la droite progresse et l’extrême droite fait son entrée, pour la première fois, au palais Bourbon. Retirons les œillères.
Ce résultat est la conséquence logique de la déroute municipale qui nous a frappés. Personne ne le nie. Mais précisément, le gouvernement a-t-il été capable d’entendre le message que les électeurs, et particulièrement ceux de gauche qui lui ont fait défaut, lui ont adressé en mars dernier ? Non. A la déception, à la résignation de ces français, au sentiment terrible que la gauche au pouvoir ne cessait de s’éloigner de ce pour quoi elle avait été élue, François Hollande et Manuel Valls ont répondu en cœur « Désormais, tout sera comme avant ».  

Les politiques d’austérité ont continué, elles se sont amplifiées, comme si de rien n’était. Pire, tous ceux qui affirmaient qu’une autre politique était possible pour renouer avec la justice et le progrès social ont été fermement éconduits.

Ce scrutin est une piqûre de rappel.

Une piqûre qui nous rappelle que lorsque la gauche au pouvoir se détourne du peuple et de ses aspirations, ce dernier finit par se détourner de la gauche. Les « grands » électeurs ne sont que le reflet des « petits ».

Une piqûre qui nous rappelle que le venin du front national et de l’extrême droite prospère sur ces renoncements et progresse dans notre pays ainsi que dans nos institutions. Et que ce venin peut devenir mortel si la gauche ne renoue pas, rapidement, avec ce qui fait sa raison d’être.

Ce scrutin est une confirmation.
 
La confirmation que la Ve République est sclérosée. A l’image de ce dimanche électoral qui, sans le moindre débat démocratique, sans la moindre intervention citoyenne, a tenu le peuple à l’écart du processus décisionnaire. Un scrutin à huis-clos entre initiés. Entre initiés seulement.

La confirmation que nous devons collectivement porter un nouveau souffle démocratique dans notre pays, incarné par une VIe République, démocratique, sociale et écologique.
 
La confirmation enfin que toutes les forces de gauche anti-austéritaire et fidèles à la transformation sociale doivent, urgemment, mettre en commun leurs énergies pour jalonner les contours d’une prochaine gauche. Une gauche populaire, décomplexée et anti-libérale qui offrira à ce peuple orphelin un nouvel horizon progressiste.
Nous ne pouvons plus attendre, nous ne pouvons plus tergiverser. Des actes !