jeudi 7 septembre 2017

Le 12 et le 23 !

             Alors que les mauvais coups sociaux portés par le gouvernement Macron se multiplient, la contestation s’organise et se propage à travers tout le pays. Deux dates de mobilisation sont d’ores déjà inscrites à l’agenda de la rentrée : la journée de grève et de manifestations du 12 septembre à l’appel de la CGT, de Solidaires, de la FSU et de l’Unef et la « marche contre le coup d’état social » le 23 septembre à l’initiative de la France Insoumise.


Deux mobilisations que les médias et ceux que nous appellerons les « démobilisateurs de tous bords » se sont empressés d’opposer, de monter l’une contre l’autre, pour mieux les affaiblir. Diviser pour mieux régner. Certains ne savent décidemment faire que cela.
La réalité est toute autre. Le 12 et le 23 septembre ne sont pas en concurrence, pas plus qu’ils ne seraient en opposition comme certains s’évertuent à nous le faire croire. Ces mobilisations sont complémentaires, elles convergent, se nourrissent, se renforcent l’une et l’autre pour construire un puissant mouvement de résistance social et politique et s’opposer efficacement à la grande offensive anti-sociale d’Emmanuel Macron.

D’abord tous en grève le 12 !


La journée de grève et de manifestation du 12 est d’une importance capitale ! A l’initiative de la CGT, des milliers de militants se sont apprêtés tout l’été sur leur lieu de travail pour préparer cette mobilisation. Il s’agit d’en faire une véritable démonstration de force actant la volonté farouche du monde du travail de défendre ses acquis et ses droits. La grève doit être la plus large possible parmi les salariés du public et du privé, elle doit s’étendre à de nombreux secteurs. Dans cette perspective, la décision de nombreuses fédérations et unions départementales de Force Ouvrière de se joindre à la lutte est une bonne nouvelle. L’unité syndicale est toujours promesse de mobilisation.
A ce propos, apportons une précision : Pas de mauvais esprit ou de réquisitoire en trahison. Les militants syndicaux de FO sont nos camarades. Des combats que nous avons mené en commun, nous gardons en tête leur sincérité d’engagement et leur détermination à défendre les intérêts du monde du travail. Accueillons-les chaleureusement dans les manifestations !
Au côté de l’ensemble de ces acteurs syndicaux, la France Insoumise prendra toute la place qui est la sienne pour faire de cette journée une réussite. Dans de nombreux territoires, les insoumis-es sont d’ores et déjà partie prenante des collectifs unitaires qui se sont organisés. Ils relaient l’appel à la mobilisation. Parmi ceux qui le peuvent, un grand nombre seront en grève ce jour-là.
Jean-Luc Mélenchon lui-même a appelé, à de nombreuses reprises, à prendre part à cette mobilisation. Il a réaffirmé qu’il serait présent dans le cortège. Précisant que cela serait le cas de « tous » les députés de la France Insoumise. Notre groupe parlementaire sera donc le seul dont l’ensemble des membres élus défileront aux côtés des salariés mobilisés. Cette démarche est résolument conforme à la vision de l’activité parlementaire que nous avons : lier le travail à l’assemblée aux luttes sociales, écologiques, démocratiques qui animent notre société.
Malgré cela, les commentateurs de tous poil continuent à semer le trouble et la division. La palme revenant à Luc Carvounas, député PS et ancien lieutenant de Manuel Valls en mal de notoriété médiatique, qui n’a pas hésité à déclarer : « Mélenchon, pourquoi il ne se joint pas aux syndicats ? Qu’est-ce qu’il veut démontrer ? ».
Et pour que l’écran de fumée soit total, les critiques ne viennent pas que du camp d’en face. Les médias, eux-mêmes, se font le relais de cette propagande divisionnaire. Ainsi, Alexis Corbière s’est-il vu posé, sur RTL, la question suivante : « La CGT manifeste le 12 et vous lui flanquez une manifestation le 23 ? » et le 5 septembre, le JDD titrait avec délectation : « Mélenchon et Martinez en concurrence pour prendre la tête de la lutte contre Macron ». A ce stade, la manipulation devient grossière.

Puis tous à Paris le 23 !


Alors après le 12, retrouvons-nous à Paris le 23 septembre ! Cette fois, il s’agira de se mettre en mouvement et de déferler à Paris pour une grande marche populaire. En aucun cas, la prétention de la France Insoumise ne sera de contester, de contourner ou de prétendre remplacer le rôle et l’action centrale des organisations syndicales dans la bataille qui s’avance. L’histoire nous a enseigné leur utilité. Nous savons que c’est au travers ces organisations que vivra la grève et sa contagion souhaitable dans tout le pays.
Le 23 septembre il s’agira donc de faire une démonstration de force politique pour soutenir et appuyer le mouvement social porté par ces organisations. Il s’agira de lui donner de la force en élargissant les secteurs de la société qui basculeront dans l’action pour s’opposer à la casse sociale de ce gouvernement. Le mot d’ordre est clair : « Contre le coup d’état social » ! Contre la « loi travail » d’abord. Et contre son monde. Celui dans lequel on baisse les APL au détriment des plus fragiles d’entre nous. Celui dans lequel on supprime 150.000 emplois aidés, constituant le plus grand plan social de ce pays.
Il s’agira de forger, dans l’action, une volonté collective : celle de rompre avec l’hégémonie libérale et capitaliste qui a contaminé une trop grande partie du champ politique. Dans cette guerre de position, nous montrerons que nous sommes des centaines de milliers convaincus que notre société peut emprunter un autre chemin. Ce souffle puissant donnera une énergie considérable aux secteurs qui reconduiront la grève.
                Certains s’inquiéteront de voir Jean-Luc Mélenchon vouloir étendre son hégémonie sur la contestation. Réponds-leur tranquillement que ce n’est pas notre objectif. Et si leur inquiétude demeure, la meilleure façon de la dissiper est justement d’investir cette grande marche du 23. A l’instar de Benoit Hamon qui a annoncé sa participation. Faisons également le pari que les communistes, attachés à une haute tradition de lutte et de mobilisations politiques et sociales ne rateront pas ce rendez-vous.
D’autres jugeront que cette initiative « manque d’unité à destination des autres forces de gauche ». Que les choses soient claires. Tous sont les bienvenus. Mais il n’est pas question ici de bricoler un nouvel attelage qui se bornerait à additionner ce qu’il reste d’appareils partisans, en état de délabrement avancé pour certains. Il s’agit de proposer directement au peuple, en tant qu’entité politique, un cadre de mobilisation qui lui permette pleinement de se mettre en action, de faire irruption dans le champ politique et de donner à entendre ses colères et ses aspirations. Chacun y aura sa place. Chacun y sera accueilli avec bienveillance, celui qui aura fait grève le 12 comme celui qui n’aura pas pu. Celui qui milite dans un parti comme celui qui n’y milite pas. Il ne doit pas y avoir aucune exclusive. Ce qui comptera, ce sera le nombre.


Ne faisons donc ni le jeu des démobilisateurs cyniques, ni le jeu des divisionnaires. Faisons-en sorte, chacun à notre place, que la grève soit la plus large possible le 12 septembre, puis que la mobilisation soit générale le 23. Nous en avons les moyens. La résistance politique et sociale aura alors de beaux jours devant elle. Nous pourrons gagner.

 

 

 

 

dimanche 18 juin 2017

Face à l’absence d’alternative, l’abstention politique !


La séquence électorale que traverse actuellement notre pays se caractérise par une forte poussée de la défiance des citoyens à l'égard des institutions politiques. La marque la plus frappante de cette défiance est le sort réservé aux vieux appareils partisans de la Ve République lors du premier tour de l'élection présidentielle: Le Parti Socialiste et Les Républicains, qui se partageaient le pouvoir, par alternance, depuis 1958 subissent une déroute sans précédent. Ils sont balayés de notre histoire politique. Sans doute de manière définitive pour le PS.

 
            Face au délitement accéléré de ce vieux monde politique, la victoire d'Emmanuel Macron est une victoire politique en trompe l'oeil. Elle ne s'explique que parce que le candidat de l'extrême finance s'est trouvé, au second tour, opposé à Mme Le Pen. Face à laquelle, même une chaise remporterait l'élection. Le système l'a bien compris, il en a fait sa rente. Sous le label "front républicain", voilà qu'il a trouvé la combine pour faire réélire un candidat issu de son sérail politique et économique, et perpétuer sa domination.

            Si la machine a fonctionné, il n'empêche que cette fois ci, le président élu est un colosse au pied d'argile. Le taux d'abstention de 25.4% au second tour de l'élection présidentielle et les 4 millions de votes blancs et nuls (11.5% des inscrits) témoignent de la défiance inédite qui grandit dans le pays.

            La réalité est la suivante: la crise de régime se répand sous nos yeux de manière irrémédiable. Le premier tour des élections législatives n'en a été qu'une nouvelle secousse. Le temps d'un dimanche électoral, le vieux personnel politique des vingt dernières années a été balayé, sans ménagement. Dans le même temps, et pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, l'abstention dépassait les 50% au premier tour d'un scrutin législatif.

            D'aucuns se sont d'ores et déjà empressés de faire de cette abstention une défaillance citoyenne, parfois même une faute morale, dont le peuple serait l'unique coupable. Jamais ils ne s'interrogent sur ses causes profondes. Jamais ils n'envisagent que cette abstention puisse être une expression politique. Quand le sage désigne la lune, l'idiot regarde le doigt.

            La réalité est tout autre. La forte progression de l'abstention indique que la crise de régime entre dans sa phase terminale. Que le peuple ne souhaite plus être acteur d'un système économique et politique qui lui confisque les pouvoirs et les richesses.

            A défaut d'une réelle reconnaissance du vote blanc, permettant l'invalidation d'une élection si celui-ci se plaçait en tête du scrutin, l'abstention, et sa forte visibilité médiatique, s'affirme comme l'outil le plus efficace pour contester la légitimité d'un système politique que le peuple ne cautionne plus. C’est une insurrection civique froide qui a traversé notre pays.

            Dans notre circonscription, le second tour opposera une candidate En Marche face au candidat des Républicains. Les deux promettent de s'en prendre au code du travail. Ne gaspillons pas notre voix à les départager.

            Nous pensons qu'il est plus utile de faire de cette crise de régime une arme au service d'une profonde rupture politique. Plutôt que de dissiper nos voix dans un vote blanc que les institutions s'évertuent à rendre invisible, utilisons l'abstention pour affaiblir nos adversaires politiques, amplifier leur isolement et marquer notre profonde défiance vis à vis du projet néo-libéral dont ils sont les promoteurs.

            Ce choix n'est pas un choix naturel pour les militants politiques que nous sommes. Il ne va pas de soit alors qu'au coeur de notre engagement demeure le combat pour une plus grande implication des citoyens et des citoyennes dans le processus démocratique et républicain de notre pays. Mais c'est un choix qui correspond à la période que nous traversons.

            En l'absence de bulletins de vote alternatifs au second tour, il nous semble que qu'une forte poussée de l'abstention demeure, dans les conditions dans lesquelles nous agissons aujourd'hui, le marqueur le plus efficace d'une ferme opposition du peuple à se laisser enfermer dans un scénario politique qui ne lui convient pas.

            Dimanche nous n'irons donc pas voter. Nous nous saisirons de l’unique mode d’expression politique restant et comptabilisé : l’abstention. Il ne s'agira nullement d'une forme de désintérêt. Au contraire. Il s'agira de faire le choix, en toute conscience, d'amplifier la crise de régime qui s'opère sous nos yeux, d'affaiblir ceux qui, drapés dans les habits du renouvellement, s'apprêtent à aggraver, par leurs choix politique, la crise sociale, écologique et démocratique à laquelle nous sommes confrontés.

 Mathurin Levis, Randy Némoz.