lundi 2 mars 2015

Face aux attaques de la droite municipale, vivent les bourses du travail !


Elles font rarement la une des médias, elles sont rarement célébrées, pourtant, elles jouent un rôle déterminant dans la défense des droits et des intérêts des millions de salariés de notre pays. Elles, ce sont les bourses du travail.

Les premières bourses du travail appariassent à la fin du XIXe siècle. A l’image de la bourse du travail de Paris, elles sont d’abord destinées à enregistrer et communiquer les offres et demandes d’emploi ainsi que les principaux « prix du travail » débattus selon l’offre et la demande (d’où le nom de « bourse du travail »). Mais très vite, ces bourses du travail, administrées par les syndicats vont devenir des lieux d’effervescence syndicale. Elles vont accueillir syndicats, mutuelles, association d’éducation populaire et coopératives et devenir de véritables lieux de solidarité, de convergence et d’organisation du mouvement ouvrier.

Aujourd’hui encore, les bourses du travail constituent un outil indispensable dans la défense des intérêts et des droits des salarié-e-s. Implantées dans la plupart des grandes villes de France, elles fournissent des locaux aux unions locales des organisations syndicales. Ces « maisons des syndicats » permettent de déployer sur l’ensemble du territoire une implantation syndicale vers laquelle peuvent se tourner tous les salarié-e-s, notamment ceux des petites et moyennes entreprises qui ne bénéficient pas sur leur lieu de travail d’une véritable représentation du personnel.

Ces bourses du travail mettent à disposition des syndicats et des salarié-e-s des lieux de réunion et d’organisation. Elles hébergent des permanences syndicales et juridiques, permettant de recevoir et d’informer l’ensemble des salarié-e-s. Elles reçoivent souvent l’organisation de formations des élu-e-s du personnel. Leurs missions sont donc extrêmement nombreuses et garantissent la liberté d’expression et l’indépendance d’action des organisations syndicales.

En plus d’abriter et de préserver la mémoire de tou-te-s les travailleu-rs-ses et des nombreuses luttes qu’ils ont mené à travers les siècles pour conquérir de nouveaux droit, les bourses du travail demeurent aujourd’hui un espace d’information et de défense des droits des salarié-e-s qu’il convient de protéger dans un contexte de recul du code et de l’inspection du travail.
Pourtant.
Pourtant, c’est exactement l’inverse qui se produit. En effet, dans de nombreuses municipalités qui ont basculé à droite à l’occasion des dernières élections, c’est une véritable chasse aux bourses du travail qui s’organise. Souvent propriétés de la ville dans lesquelles elles sont implantées et bénéficiant de subventions publiques décidées par les municipalités de gauche précédentes, les bourses du travail sont aujourd’hui menacées par une droite municipale déterminée à affaiblir et liquider ces outils de solidarité et de progrès. Depuis quelques mois, les attaques se sont multipliées, au Blanc-Mesnil, à Aubagne, à Villejuif ou à Toulouse, les nouvelles municipalités de droite ont engagées des procédures de fermeture des bourses du travail et d’expulsion des organisations syndicales.

Les arguments financiers avancés ne trompent personne, derrière ces attaques, ce sont bien des réflexes revanchards et idéologiques qui sont à la manœuvre contre les droits des salarié-e-s. Ils s’inscrivent d’ailleurs dans une offensive de plus grande ampleur contre le droit syndical et les mouvements sociaux.

Convaincu-e-s de l’utilité de ces espaces de solidarité dans la défense du monde du travail, les militant-e-s de gauche ne peuvent pas se résoudre à leur liquidation.

Partout où elles sont attaquées, des mobilisations s’organisent pour exiger le maintien des bourses du travail.  Ces mobilisations populaires doivent s’amplifier pour adresser un message clair: les bourses du travail sont le bien commun des travailleurs-euses, elles ne sont pas à vendre!

Au-delà des résistances locales, ces attaques doivent interpeller la gauche politique. Peut-on accepter que lorsque la droite revient aux affaires localement, elle saborde, par idéologie, un outil précieux du dialogue social, de l’information et de la défense du monde du travail ?

Comment pérenniser l’existence et l’action des bourses du travail ? Comment s’assurer que leur mission d’intérêt général ne soit pas prise en otage par des petites revanches politiciennes locales ?

La gauche doit investir la question et y apporter des réponses. Elle ne doit pas redouter le dialogue social et les organisations syndicales, elle doit, au contraire, créer les conditions de leur renforcement et leur offrir des débouchés politiques.

Parce qu’elles constituent des contre-pouvoirs précieux à la démocratie et à notre modèle social, les bourses du travail doivent être généralisées sur tout le territoire. Chaque salarié-e, doit pouvoir trouver à proximité de son lieu de travail un espace d’information, de défense et de solidarité. Cette généralisation doit se traduire par une implantation dans chaque sous-préfecture d’une bourse du travail à gestion paritaire des organisations syndicales selon leur représentativité. Son financement, afin qu’il soit constant et suffisant pour couvrir les frais de fonctionnement,  doit reposer sur une mise à contribution financière de l’ensemble des entreprises implantées sur le territoire. Voilà une réforme du monde du travail qu’un gouvernement de gauche pourrait porter, utile au dialogue social, à ses acteurs-rices et aux salarié-e-s.