lundi 12 janvier 2015

Syriza: l'éclaircie qui surgit d'Athènes


Les deux partis qui constituent la majorité gouvernementale grecque (libéraux de Nouvelle Démocratie et socialistes du Pasok), véritable bras armé des politiques d’austérité qui ont ravagé le pays ces dernières années, ont été mis en échec il y a quelques semaines. Malgré les injonctions du commissaire européen et ancien ministre des finances français, Pierre Moscovici dépêché sur place pour vanter les réformes engagées, la coalition gouvernementale n’a pu disposer d’une majorité suffisante pour faire élire son candidat à la présidence du pays. Cette situation provoque, en vertu de la Constitution grecque, l’organisation d’élections législatives anticipées le 25 janvier prochain.
Enfin, le peuple grec, prisonnier jusqu’alors de la tutelle de la Troïka va pouvoir s’exprimer démocratiquement. Enfin ce peuple, pillé, martyrisé, par des politiques d’austérité va pouvoir faire entendre sa voix. Enfin, la chaîne infernale va pouvoir craquer.
Depuis 2010, la Grèce a servi de cobaye au projet des libéraux européens. Après 23 plans d’austérité successifs, le pays est exsangue. Le salaire moyen dans le secteur privé a chuté de près de 20%, le chômage a progressé de plus de 190%, frappant 25% de la population et 52% des moins de vingt-cinq ans. L’échec économique est immense, les conséquences sociales le sont tout autant. La pauvreté a progressé de 33% dans le pays.  
Mais cette politique a profité à quelques-uns. Les services publics, liquidés par des vagues successives de privatisation ont été captés par des multinationales. Pire, une étude affirme que 77% des prétendus « plan de sauvetage », qui n’ont de sauvetage que le nom, ont bénéficié aux institutions bancaires et financières.
Après cinq années de résistance sociale, c’est cette page que le peuple grec va pouvoir enfin tourner en confiant une majorité parlementaire à Syriza, coalition anti-austéritaire, en tête des sondages d’intentions de vote. A n’en pas douter la popularité de cette gauche décomplexée réside dans le fait qu’elle a su apporter un débouché politique aux revendications et aux mots d’ordre d’un mouvement social qui n’a fait que se renforcer ces dernières années. Syriza a su être le réceptacle des luttes du peuple grec et en tirer toutes les énergies. Faisons nôtres les propos d’Alexis Tsipras, leader de cette coalition lorsqu’il affirme: « C’est un jour historique. Avec la volonté du peuple, dans quelques semaines, les plans d’austérité appartiendront au passé. L’avenir peut commencer ».
C’est d’ailleurs bien ce que redoutent les forces de l’argent et les gardiens de l’ordo-libéralisme européen. A-peine l’annonce d’élections législatives anticipées et les perspectives d’une victoire de Syriza que les grandes manœuvres ont commencé. Le FMI a immédiatement annoncé qu’il suspendait « son soutien financier» à Athènes, Wolfgang Schaüble, ministre allemand des finances a mis en garde « Il n’y a pas d’alternatives (…) les nouvelles élections ne changeront rien aux accords passés avec le gouvernement grec ». Le modèle de la « démocratie occidentale » dont ils n’ont de cesse de vanter les mérites ne semble plus si appréciable lorsqu’il permet au peuple souverain de reprendre la main et de bousculer les petits intérêts de l’oligarchie financière.
Faute de pouvoir décider à la place du peuple grec, tout ce petit monde tente de le faire basculer du côté des forces pro-austérité en entretenant un climat de peur et de chaos, promettant le plus grand des désastres en cas de victoire de Syriza. Le premier ministre grec sortant, Antonis Samaras, n’a pas hésité par exemple à utiliser le drame de Charlie Hebdo, dans un amalgame honteux, pour attiser les peurs en déclarant : « A Paris, il y a eu un attentat qui a fait au moins 12 morts, et ici, certains (Syriza) demandent plus d’immigrants illégaux. ».
Les militants progressistes de toute l’Europe doivent donc être pleinement conscients de l’importance de ces échéances électorales. L’enjeu est immense. Pour la Grèce et pour le continent. L’acte de résistance que s’apprête à effectuer le peuple grec en portant Syriza au pouvoir est une éclaircie dans l’obscurité austéritaire du ciel européen, l’occasion de réouvrir, enfin, le débat sur la construction européenne. En écartant l’impasse et les dangers qu’incarne l’extrême droite grecque et son parti Aube Dorée, les grecs font la démonstration que la solution ne se trouve pas dans un repli xénophobe et identitaire. Si ils montrent qu’un autre chemin est possible, d’autres suivront la lumière qui s’allume à Athènes.
Parce que les enjeux sont immenses, le combat sera rude. Rien ne sera épargné à Syriza. Ils feront tout pour que n’émerge pas en Grèce une gauche de transformation sociale qui viendrai troubler leur petit banquet. Nous devrons soutenir nos camarades. Ce combat et celui de tous ceux qui luttent en Grèce, en Espagne, en France et partout en Europe pour emprunter un autre chemin.

Pour faire vivre cette solidarité, rendons-nous nombreux au meeting « Soutenons le choix de peuple grec à prendre en main son destin » le jeudi 15 janvier, gymnase Japy à Paris (75011).
Vive la résistance du peuple grec. Vive Syriza.