La mobilisation en
faveur de la paix en Palestine doit redoubler. Alors que le camp des pacifistes
avait réussi à imposer la trêve, après des semaines de
mobilisation partout dans le monde, le gouvernement de Benyamin Netayahou
semble sur le point de lancer une nouvelle offensive militaire contre la bande
de Gaza. Il faut saluer la mobilisation impressionnante et des militant-e-s de
la paix partout dans le monde, et notamment des militants israéliens, syndicalistes, artistes, responsables politiques ou simples citoyens
qui ont combattu, dès les premiers
jours, l'opération militaire
de leur gouvernement. Insultés, considérés comme des « traîtres », ces opposants à la guerre ont été attaqués et parfois passés à tabac par les franges de l’extrême droite israélienne. Mais ce qu’ils ont démontré, avec ceux qui défilaient à Paris, Madrid,
Washington ou Sydney est bien plus fort : la voix de la paix existe. L’Histoire leur donnera raison.
L’impasse de l’acharnement militaire.
La trêve fragile
consentie par les autorités israéliennes face à la pression
internationale ne doit pas faire oublier les exactions commises par l’armée israélienne qui a fait
de la bande de Gaza un vaste champ de bataille depuis près d’un mois, ainsi que l’impasse à laquelle a mené la stratégie militaire du
gouvernement de Netanyahou.
Le bilan est terrible : 1 875 morts (près de 85% de civils), dont 430 enfants et adolescents. Impossible de
continuer de penser que l’armée israélienne mène à Gaza une guerre de « protection » contre le Hamas
pour assurer la sécurité de ses ressortissants. La réalité est que cette guerre est une guerre larvée contre le peuple palestinien tout entier.
En aucun cas, l’acharnement
militaire du gouvernement israélien ne permettra
de créer les conditions d’une cohabitation pacifique et durable entre deux états palestinien et israélien. Au
contraire, cela ne peut contribuer, in fine, qu’à cristalliser les tensions et à radicaliser la
société palestinienne.
« On ne fait pas la
guerre pour se débarrasser de la
guerre » nous avertissait déjà Jean Jaurès dont nous avons
célébré le centenaire de la mort la semaine dernière. L’Espagne n’a pas construit la paix avec l’ETA par la
guerre, La Grande-Bretagne n’a pas construit
la paix avec l'Irlande par la guerre,
Israël ne construira pas la paix avec la Palestine par la
guerre.
Mettre fin à l’impunité d’Israël.
Faire avancer le camp de la paix, c’est donc lutter avec fermeté contre l’acharnement militaire d’Israël et mettre fin à l’impunité de ses crimes.
Il y a quelques mois déjà, l’expert indépendant du
Conseil des Droits de l’Homme des Nations
Unies alertait sur la politique israélienne dans les
territoires palestiniens occupés affirmant que
celle-ci présentait les
caractéristiques de « l’apartheid » et du « nettoyage ethnique ».
A l’occasion d ce
nouveau conflit, l’armée israélienne s’est à nouveau jouée du droit international. A plusieurs reprises, ses frappes aériennes ont pris pour cible la population palestinienne ainsi que des écoles de l’ONU ou même des hôpitaux faisant de
nombreux morts civils dont un membre de l’organisation. Ban
Ki Moon, le secrétaire
général de l’ONU
a réagi en qualifiant ces
bombardements « d’actes criminels »,
ajoutant qu’ils constituaient une
« nouvelle
violation flagrante du droit humanitaire international ». La condamnation de cette politique est nécessaire mais ne peut en aucun cas suffire. La communauté internationale, si elle ne veut pas être complice, doit engager de véritables sanctions contre les autorités israéliennes.
Toutes les initiatives qui ont été prises ces dernières
semaines pour dénoncer ces violations
du droit international doivent être
saluées. En Amérique du Sud, plusieurs états ont procédé au retrait de leur ambassadeur d’Israël
(Salvador, Brésil, Pérou, Equateur et Chili) pour dénoncer la politique « génocidaire
menée par l’état colon ».
La Bolivie de son côté a décidé
d’intégrer l’état
d’Israël sur sa liste des états
terroristes. En Europe, l’Espagne
a annoncé le 4 aout dernier
son intention de suspendre totalement ses ventes d’armes à
Israël.
Ces
décisions doivent être amplifiées.
La France, à travers son président de la République
doit porter d’une voix forte l’arrêt
immédiat de toute coopération militaire et la mise en place d’un embargo total sur les armes à destination d’Israël et du Hamas. Faisons nôtre la déclaration
de sept prix Nobel de la paix dans un appel daté du 18 juillet :
« Vendre des armes à Israël,
c’est être complice de l’attaque
contre Gaza ».
Ces dernières années, les pays européens
ont exporté des milliards d'euros
de matériel militaire à destination d’Israël assurant ainsi la puissance de feu de cet état. A elle seule, la France a délivré
une autorisation d’exportation
militaire de plus de 200 millions d’euros
en 2012. Cela doit cesser.
Enfin,
la France doit soutenir l’initiative
du ministre palestinien de la justice qui a engagé une procédure
auprès de la Cour Pénale Internationale pour exiger la reconnaissance des « crimes de guerre »
d’Israël et la condamnation de ses dirigeants. La justice
internationale doit sortir de son silence. L’impunité
doit cesser.
Garantir
les droits légitimes
du peuple palestinien.
Il
n’y a pas de fatalité à
la guerre. Plutôt que l’impasse de l’escalade
militaire, un chemin existe pour créer
les conditions de la paix et la cohabitation de deux états souverains et indépendants assurant le droit du peuple palestinien et du
peuple israélien à vivre en liberté
et en sécurité.
Si
le préalable doit être la fin immédiate
des hostilités et des actes de
violence qui nourrissent la radicalisation du conflit de part et d’autres de la frontière,
une paix juste et durable ne pourra voir le jour qu’à condition que l’on
garantisse enfin les droits légitimes
du peuple palestinien.
Comme
l’affirme l’Union des Juifs pour la Paix (UJPP) : « Tant
que l’Etat d’Israël
ne sera pas comptable de sa politique illégale d’occupation,
des violations du droit international et des nombreux crimes de guerre, une
paix fondée sur l’égalité
des droits sera impossible ».
La
première de nos
responsabilités est de faire en
sorte qu’enfin la Palestine
soit reconnue comme un état
sur la scène internationale.
Après avoir soutenu sa
candidature en tant qu’état
observateur au sein de l’ONU
en novembre 2012, la France doit engager sa puissance diplomatique au service
de la reconnaissance de l’état
palestinien sur la base des frontières
de 1967, condition indispensable pour une solution à deux états
disposant des mêmes droits et des mêmes devoirs. Alors que plus de 125 pays se sont d’ores et déjà prononcés
pour la reconnaissance de l’état
palestinien, la France ne peut rester muette plus longtemps.
Le
respect des droits fondamentaux du peuple palestinien implique également la levée
immédiate du blocus
criminel imposé par l’état israélien
sur la bande de Gaza rendant la vie impossible et réduisant à
néant toute perspective
de développement économique. Comment reconstruire sans outils ou matériaux ?
Comment soigner sans médicaments
ou matériel médical. Le blocus c’est
la guerre. De la même
façon, aucune avancée notable pour la paix ne pourra être envisagée
sans que ne cesse immédiatement
le processus de colonisation illégal
des territoires palestiniens par les colons israéliens. Quel état,
quel peuple accepterait que ses terres soient occupées par une puissance étrangère ?
Enfin,
la pacification des relations entre les deux protagonistes doit reposer sur la
libération des milliers
de prisonniers politiques palestiniens détenus dans les geôles
israéliennes, au mépris du droit international.
Pas
de paix sans la reconnaissance des droits du peuple palestinien. C’est à
cette condition, et à
cette condition seulement, que seront réunies les exigences d’existence de deux états
souverains et indépendants.
Parce
que nous sommes nombreux à
souhaiter pouvoir parler un jour de ce conflit au passé. Parce que nous sommes nombreux à être convaincus qu'une issue politique peut garantir une paix juste et durable, nous
sommes nombreux à
continuer d’écrire ton nom,
Palestine.