lundi 1 décembre 2014

Nouveau discours de Dakar: merci M. le Président de la République.

 
Le Président de la République participait ce Week-End au sommet de la francophonie à Dakar. Il s‘est rendu, à cette occasion, sur la tombe de Léopold Sédar Senghor, décédé il y a 13 ans. Cette visite a pris une tournure particulièrement symbolique lorsqu’un journaliste présent sur place a questionné le Président lui demandant si l’homme, premier président du Sénégal indépendant, était rentré dans l’Histoire.

La référence est on ne peut plus claire. Elle rappelle l’immonde discours de Dakar prononcé par Nicolas Sarkozy en juillet 2007 dans lequel l’ancien président de la République affirmait : « Le drame de l'Afrique » vient du fait que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. »
« L’Afrique est non seulement dans l’Histoire, mais l’Afrique est aussi une partie de notre avenir » lui a rétorqué Le Président de la République.
En quelques mots, concis mais dont la portée est extrêmement forte, François Hollande a permis de tourner la page de cette affirmation calamiteuse qui avait dégradé la relation franco-africaine et profondément abîmé l’image de notre pays.
Car oui le discours de Dakar de Sarkozy était une tâche dans l’histoire de notre République. Il était d’une insupportable condescendance à l’égard des hommes et des femmes africain(e)s et renvoyait à l’inconscient d’une France encore embourbée dans son passé postcolonial.  
Fort heureusement ces propos avaient été vivement condamnés et combattus au moment où ils avaient été prononcés.
L’intervention du Président de la République a permis bien plus. Elle a permis à La France, par une expression officielle, de tourner le dos, sept ans après, à l’immonde Discours de Dakar. Pour beaucoup d’entre nous, l’affront est enfin lavé.
Ces quelques mots doivent permettre d’engager enfin notre pays sur la voie d’une nouvelle forme de coopération avec nos partenaires africains et de construire une nouvelle relation historique, apaisée, solidaire et enfin débarrassée des vicissitudes de la Françafrique.
Alors merci monsieur le Président de la République et Vive le nouveau discours de Dakar.

lundi 17 novembre 2014

Pour un congrès de clarification !



Après des semaines de tergiversation, la date du prochain congrès du Parti Socialiste a fini par tomber. Il aura lieu les 5, 6 et 7 juin 2015.
Réclamée par les militants, appuyée par un certain nombre de dirigeants du Parti afin de pouvoir débattre de la ligne politique du gouvernement et du positionnement du Parti, la date du congrès était jusque-là soumise à de houleux débats. L’exécutif poussant depuis quelques semaines pour un congrès en 2016, assez peu pressé qu’il était de confronter son orientation politique aux suffrages des militants socialistes.
Et pour cause. Un congrès, c’est donner la parole aux militants, c’est leur permettre de juger et d’apprécier l’orientation et les choix politiques effectués depuis deux ans et demi alors que ceux-ci sont, de l’aveux même de Pierre Moscovici, « assez peu naturels » à gauche.
Alors ce congrès du Parti Socialiste ne pourra pas être un congrès comme les autres. Il ne pourra pas se limiter à un débat feutré entre courants suivi d’une « synthèse » et enfin, de l’élection d’une nouvelle direction. Non. Cette consultation des militants doit être d’une autre ampleur. Elle doit permettre un débat franc, sans fard ou faux-semblant. Ce congrès devra poser les débats profonds qui ont traversé notre famille politique ces derniers mois, sans exclusives, et le vote des militants devra permettre de les trancher.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un congrès où chacun assume ses positions devant le suffrage des militants sans se dérober. Il faudra que les débats soient clairs pour que la clarification des militants le soit aussi.
Il faudra que ceux qui aspirent à gouverner notre pays avec la droite et le centre le disent et assument la confrontation avec ceux qui privilégient le rassemblement de forces de gauche. Et il faudra que les militants tranchent.
Il faudra que ceux qui pensent que « le mot socialiste ne veut plus rien dire » l’assument et ne fuient pas la confrontation avec ceux qui pensent que le progrès social, le partage des richesses sont encore des idées neuves. Et il faudra que les militants tranchent. 
Il faudra que ceux qui considèrent que la défense des travailleurs est une idée « passéiste » l’assument face à ceux qui continuent de penser que la gauche c’est avant tout agir pour défendre les intérêts de ceux qui vivent de leur travail. Et il faudra que les militants tranchent.
Il faudra que ceux qui ont érigé le cap austéritaire comme un horizon indépassable ne se dérobent pas face à ceux qui depuis des mois affirment qu’une autre politique est possible, pour renouer avec la justice et l’égalité. Et il faudra que les militants tranchent.
Ces débats-là, il serait irresponsable de les esquiver. Le congrès devra les clarifier. Il nous reviendra à nous, militants socialistes de définir ce que nous voulons pour notre parti entre deux chemins qui ne cessent de s’éloigner l’un de l’autre.
Car le ciment qui fédérait toutes les branches de notre famille n’est plus. Ce ciment, c’était cet attachement, partagé par tous, au monde du travail, aux salariés et à leurs représentants syndicaux. On pouvait diverger sur les réponses à apporter, mais on s’accordait sur le fait que c’était bien au monde du travail que nous devions collectivement apporter un débouché. Ce ciment a fini par céder sous les coups de boutoir de certains et de leurs déclarations d’amour au Medef.
Alors il va falloir trancher entre deux chemins dont la cohabitation semble à bien des égards menacée désormais. Voilà le poids qui nous est confié.
Le premier chemin, c’est celui de ceux qui, sous couvert de modernité et de pragmatisme, éloignent chaque jour un peu plus la gauche de ses promesses et de ses racines. C’est celui de ces gestionnaires qui se rallient aujourd’hui aux thèses libérales que nous combattions hier.
L’autre chemin, c’est celui de ceux qui continuent d’envisager la gauche comme une force politique qui refusent de se soumettre à l’ordre établi et qui continuent de se lever pour transformer la société et combattre les inégalité, dans le rassemblement de toutes ses composantes.
Cette clarification sera déterminante. Ceux d’entre nous qui se verront confortés par le vote des militants auront, que ce soit les uns ou les autres, la légitimité requise pour définir l’identité de notre parti. Ceux qui à l’inverse seront rendus minoritaires par les militants devront en tirer toutes les conséquences qui s’imposent.
Il n’y aura pas d’échappatoire.

 

 

mardi 30 septembre 2014

Rassembler l'aile gauche pour rassembler la gauche!

Les 3, 4 et 5 octobre prochains, se tiendront les universités de rentrée de Maintenant la Gauche et d’Un Monde d’Avance, les deux courants de l’aile gauche du parti Socialiste depuis le dernier congrès de Toulouse. Mais si celles-ci ont lieu le même Week-End, elles se tiendront… à près de 700 km d’écart.

En effet, les premiers se rassembleront dans l’Essonne, tandis que les seconds se réuniront dans les Landes. 686 km exactement.

Pourtant, en lisant les programmes des uns, comme des autres, tous partagent une perspective commune à l’occasion de ce Week-End : rassembler les forces de gauche fidèles à la transformation sociale. « L’intervention d’invités issus des différentes forces de gauche sera au programme pour continuer à travailler aux convergences sans lesquelles rien ne sera possible. » affirment les premiers. « Nous souhaitons laisser une large place au débat collectif, en invitant de nombreux partenaires à intervenir, tant socialistes qu’issus de la grande famille de la Gauche et du progrès social. » écrivent les seconds.

Tous partagent également une ambition celle de réorienter la politique austéritaire du gouvernement. Lorsque les premiers déclarent « Ce rassemblement sera l’occasion de débattre des perspectives qui sont devant nous pour réorienter l’action de la gauche au pouvoir dans un sens plus fidèle aux aspirations de la majorité sociale et électorale. », les seconds affirment : « Depuis le début, nous avons œuvré pour rassembler toutes celles et ceux qui appellent à un changement de cap. Pour poursuivre dans ce sens, nous vous attendons, nombreuses et nombreux ».

Puisque les perspectives sont communes : fédérer les forces de gauche anti-austéritaire disponibles, et que l’ambition est la même : affirmer qu’une autre politique est possible à gauche, nous, militants de l’aile gauche du Parti Socialiste, regrettons ce clivage artificiel qui nous sépare.

Nous ne jetons la pierre ni aux uns, ni aux autres, nous ne cherchons pas à savoir de quel camp est la responsabilité (si tant est qu’elle relevé d’un camp en particulier), nous ne nions pas les difficultés de calendrier et les contraintes d’agenda. Nous n’ignorons pas non plus les divergences qui ont pu nous distinguer par le passé (essentiellement d’ordre stratégique). Mais à l’heure où le fond de l’air se trouble et que le précipice nous guette, au moment où ce qui nous rassemble est indéfiniment plus fort que ce qui nous divise, nous souhaitons affirmer avec force que nous ne serons jamais en capacité de rassembler les forces de gauche, si nous ne parvenons pas à faire, d’abord, l’unité de toutes les sensibilités de l’aile gauche du parti. Le talisman, si précieux, de l’unité des forces progressistes n’est la propriété d’aucun d’entre nous. Pire, il n’est à la portée d’aucun courant, d’aucun groupe politique sans l’association, pleine et entière, de ses voisins de palier. On ne complète pas le puzzle s’il manque des pièces.

Nous irons donc, chacun dans nos universités de rentrée dans quelques jours. Nous porterons des analyses et des perspectives identiques, et nous ferons entendre, à Bierville, comme à Vieux-Boucau, notre volonté et la nécessité de travailler ensemble désormais.

Enfin, nous proposerons l’organisation d’une grande journée de travail rassemblant, élu-e-s, responsables et militant-e-s issus des différentes sensibilités de la gauche de notre parti, sans exclusive, dans le but d’échanger collectivement et publiquement sur les perspectives que nous devons construire.

Le rassemblement commence par là. Il n’est pas trop tard, mais il est juste temps. Il est indispensable.

Mathurin Levis. 
Rached Zehou. 



lundi 29 septembre 2014

Beaucoup de bleu et du venin.

Depuis hier 17h, les communicants du Parti Socialiste s’affairent et le premier secrétaire du parti redouble d’efforts pour minimiser le basculement du sénat à droite. « Le résultat marque une belle résistance du Parti Socialiste et de ses alliés » affirment les premiers. « Pas de vague bleue » renchérit le second. Les généraux assurent la propagande affirmant que l’armée (en déroute) fait preuve d’un « belle résistance ».
 
Assez de duperies. Il faut regarder la situation avec lucidité.
 
Hier, la gauche a perdu la majorité qu’elle avait conquise, au sénat, pour la première fois il y a trois ans. Les progressistes (dans toutes leurs composantes), ont reculé, cédant 26 sièges tandis que le bloc de droite consolide une nette majorité, progressant de 20 sièges. Le FN jusque-là toujours tenu à l’écart de la chambre haute, conquiert deux sièges.
La sanction est lourde. La gauche recule, la droite progresse et l’extrême droite fait son entrée, pour la première fois, au palais Bourbon. Retirons les œillères.
Ce résultat est la conséquence logique de la déroute municipale qui nous a frappés. Personne ne le nie. Mais précisément, le gouvernement a-t-il été capable d’entendre le message que les électeurs, et particulièrement ceux de gauche qui lui ont fait défaut, lui ont adressé en mars dernier ? Non. A la déception, à la résignation de ces français, au sentiment terrible que la gauche au pouvoir ne cessait de s’éloigner de ce pour quoi elle avait été élue, François Hollande et Manuel Valls ont répondu en cœur « Désormais, tout sera comme avant ».  

Les politiques d’austérité ont continué, elles se sont amplifiées, comme si de rien n’était. Pire, tous ceux qui affirmaient qu’une autre politique était possible pour renouer avec la justice et le progrès social ont été fermement éconduits.

Ce scrutin est une piqûre de rappel.

Une piqûre qui nous rappelle que lorsque la gauche au pouvoir se détourne du peuple et de ses aspirations, ce dernier finit par se détourner de la gauche. Les « grands » électeurs ne sont que le reflet des « petits ».

Une piqûre qui nous rappelle que le venin du front national et de l’extrême droite prospère sur ces renoncements et progresse dans notre pays ainsi que dans nos institutions. Et que ce venin peut devenir mortel si la gauche ne renoue pas, rapidement, avec ce qui fait sa raison d’être.

Ce scrutin est une confirmation.
 
La confirmation que la Ve République est sclérosée. A l’image de ce dimanche électoral qui, sans le moindre débat démocratique, sans la moindre intervention citoyenne, a tenu le peuple à l’écart du processus décisionnaire. Un scrutin à huis-clos entre initiés. Entre initiés seulement.

La confirmation que nous devons collectivement porter un nouveau souffle démocratique dans notre pays, incarné par une VIe République, démocratique, sociale et écologique.
 
La confirmation enfin que toutes les forces de gauche anti-austéritaire et fidèles à la transformation sociale doivent, urgemment, mettre en commun leurs énergies pour jalonner les contours d’une prochaine gauche. Une gauche populaire, décomplexée et anti-libérale qui offrira à ce peuple orphelin un nouvel horizon progressiste.
Nous ne pouvons plus attendre, nous ne pouvons plus tergiverser. Des actes !

 


 

  

 

 

dimanche 24 août 2014

Un Week-End en Parti de Gauche.


 


Militant socialiste, je suis allé aux Remu-Méninges du Parti de Gauche qui se déroulaient ce week-end à Grenoble. Et je ne regrette pas. Etat des lieux, non exhaustif, de ce que je partage et de ce que je ne partage pas.    

Battre en brèche les politiques d’austérité !


Le cap sinistre de la réduction des dépenses publiques érigé comme horizon indépassable est irresponsable. La contestation de cette voie austéritaire ne cesse de se faire de plus en plus forte à gauche. Jusqu’au sein même du gouvernement. Et pour cause, partout où elles ont été appliquées, ces politiques ont plongé l’économie dans la récession, les peuples dans la souffrance sociale et contribuent aujourd’hui à nourrir la résignation et à servir de terreau fertile à une extrême droite en embuscade. Cette convergence anti-austéritaire nous devons la faire vivre, la renforcer, lui donner de la visibilité. Nous devons convaincre qu’une autre politique est possible à gauche. Qu’il n’y a pas de fatalité.

Construire la synthèse, du socialisme, de l’écologie et de la République.


« Le temps d’une nouvelle perspective est venu ». De la résistance que nous devons opposer à l’offensive austéritaire de ce gouvernement doit émerger une riposte politique forte, dessinant les contours du nouveau chemin que nous souhaitions voir la gauche emprunter.  Ce nouveau chemin doit puiser dans ce qui fait l’identité et la raison d’être de notre camp politique: la défense des intérêts de ceux qui vivent de leur travail.  Mais ce chemin se doit également d’intégrer les nouveaux défis qui nous sont posés, au premier rang desquels se situe l’enjeu climatique. C’est à cette nouvelle synthèse que se propose de répondre l’écosocialisme que nous partageons aujourd’hui avec le Parti de Gauche. Issu du constat que le capitalisme, génétiquement productiviste, épuise le travailleur et la terre, ce nouveau modèle de développement se propose d’engager une rupture avec le libéralisme et les logiques financières dominantes. Il doit incarner un ciment capable de fédérer les forces de progrès : socialistes sincères, communistes, écologistes, membres du Parti de Gauche.

Enfin, il paraît clair que ce nouveau chemin ne peut être qu’un chemin qui nous mène vers une VIe République condition d’un réel renforcement démocratique dans notre pays.

Tout cela, nous le partageons. Bâtir ce chemin, au carrefour du socialisme, de l’écologie et de la République, c’est avoir la garantie de ne pas s’égarer et de rassembler autour d’une ambition claire.  

Fédérer le peuple ?


Quel moyen pour y parvenir ? Après les difficultés traversées par le front de Gauche, le PG semble désormais préconiser une logique de « front du peuple » pour défaire le système oligarchique, se revendiquant de l’expérience de Podemos en Espagne. Dans cette perspective de s’émanciper des « cartels politiques traditionnels », Jean-Luc Mélenchon, mandaté pour construire cette « insurrection citoyenne », a affirmé, a plusieurs reprises que l’enjeu désormais ne résidait plus dans le rassemblement des forces de gauche, mais bien dans le « rassemblement du peuple » autour de la revendication d’une nouvelle Constituante.

Si l’ambition de fédérer le peuple est incontournable, notamment dans la perspective de la conquête du pouvoir politique, l’économie du travail, arasant, mais nécessaire, de rassemblement de toutes les composantes de la gauche qui restent fidèles à la transformation sociale peut paraître hasardeuse. En effet, le rassemblement des forces populaires, l’implication citoyenne et la mise en branle des forces sociales dont nous avons aujourd’hui besoin pour écrire une nouvelle page de notre histoire commune ne jaillira que d’une puissante dynamique de rassemblement de toutes les forces de gauche antilibérales. Personne ne fera ce travail seul. C’est de notre capacité à fédérer, au-delà de nos sensibilités, autour d’une nouvelle ambition sociale et écologiste qu’apparaitra notre capacité à jalonner un chemin alternatif. Le rassemblement de la gauche, irriguée des aspirations populaires est un préalable au rassemblement du peuple. Faire l’économie du premier, c’est risquer de compromettre le second.

« L’heure vient toujours où la lumière est plus forte que l’ombre » déclarait Jean-Luc Mélenchon dans sa conclusion. Ajoutons que l’unité de la gauche anti-austéritaire et sa détermination sont des prérequis pour que cette heure ne tarde pas trop.

samedi 9 août 2014

Je continue d'écrire ton nom, Palestine.




La mobilisation en faveur de la paix en Palestine doit redoubler. Alors que le camp des pacifistes avait réussi à imposer la trêve, après des semaines de mobilisation partout dans le monde, le gouvernement de Benyamin Netayahou semble sur le point de lancer une nouvelle offensive militaire contre la bande de Gaza. Il faut saluer la mobilisation impressionnante et des militant-e-s de la paix partout dans le monde, et notamment des militants israéliens, syndicalistes, artistes, responsables politiques ou simples citoyens qui ont combattu, dès les premiers jours, l'opération militaire de leur gouvernement. Insultés, considérés comme des « traîtres », ces opposants à la guerre ont été attaqués et parfois passés à tabac par les franges de lextrême droite israélienne. Mais ce quils ont démontré, avec ceux qui défilaient à Paris, Madrid, Washington ou Sydney est bien plus fort : la voix de la paix existe. LHistoire leur donnera raison.

Limpasse de lacharnement militaire.
La trêve fragile consentie par les autorités israéliennes face à la pression internationale ne doit pas faire oublier les exactions commises par larmée israélienne qui a fait de la bande de Gaza un vaste champ de bataille depuis près dun mois, ainsi que limpasse à laquelle a mené la stratégie militaire du gouvernement de Netanyahou.
Le bilan est terrible : 1 875 morts (près de 85% de civils), dont 430 enfants et adolescents. Impossible de continuer de penser que larmée israélienne mène à Gaza une guerre de « protection » contre le Hamas pour assurer la sécurité de ses ressortissants. La réalité est que cette guerre est une guerre larvée contre le peuple palestinien tout entier.
En aucun cas, lacharnement militaire du gouvernement israélien ne permettra de créer les conditions dune cohabitation pacifique et durable entre deux états palestinien et israélien. Au contraire, cela ne peut contribuer, in fine, qu’à cristalliser les tensions et à radicaliser la société palestinienne.
« On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre » nous avertissait déjà Jean Jaurès dont nous avons célébré le centenaire de la mort la semaine dernière. LEspagne na pas construit la paix avec lETA par la guerre, La Grande-Bretagne na pas construit la paix avec l'Irlande par la guerre, Israël ne construira pas la paix avec la Palestine par la guerre.


 Mettre fin à limpunité dIsraël. 

Faire avancer le camp de la paix, cest donc lutter avec fermeté contre lacharnement militaire dIsraël et mettre fin à limpunité de ses crimes. Il y a quelques mois déjà, lexpert indépendant du Conseil des Droits de lHomme des Nations Unies alertait sur la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés affirmant que celle-ci présentait les caractéristiques de « lapartheid » et du « nettoyage ethnique ».
A loccasion d ce nouveau conflit, larmée israélienne sest à nouveau jouée du droit international. A plusieurs reprises, ses frappes aériennes ont pris pour cible la population palestinienne ainsi que des écoles de lONU ou même des hôpitaux faisant de nombreux morts civils dont un membre de lorganisation. Ban Ki Moon, le secrétaire général de lONU a réagi en qualifiant ces bombardements « dactes criminels », ajoutant quils constituaient une « nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international ». La condamnation de cette politique est nécessaire mais ne peut en aucun cas suffire. La communauté internationale, si elle ne veut pas être complice, doit engager de véritables sanctions contre les autorités israéliennes. Toutes les initiatives qui ont été prises ces dernières semaines pour dénoncer ces violations du droit international doivent être saluées. En Amérique du Sud, plusieurs états ont procédé au retrait de leur ambassadeur dIsraël (Salvador, Brésil, Pérou, Equateur et Chili) pour dénoncer la politique « génocidaire menée par l’état colon ». La Bolivie de son côté a décidé dintégrer l’état dIsraël sur sa liste des états terroristes. En Europe, lEspagne a annoncé le 4 aout dernier son intention de suspendre totalement ses ventes darmes à Israël.
Ces décisions doivent être amplifiées. La France, à travers son président de la République doit porter dune voix forte larrêt immédiat de toute coopération militaire et la mise en place dun embargo total sur les armes à destination dIsraël et du Hamas. Faisons nôtre la déclaration de sept prix Nobel de la paix dans un appel daté du 18 juillet : « Vendre des armes à Israël, cest être complice de lattaque contre Gaza ». Ces dernières années, les pays européens ont exporté des milliards d'euros de matériel militaire à destination dIsraël assurant ainsi la puissance de feu de cet état. A elle seule, la France a délivré une autorisation dexportation militaire de plus de 200 millions deuros en 2012. Cela doit cesser.
Enfin, la France doit soutenir linitiative du ministre palestinien de la justice qui a engagé une procédure auprès de la Cour Pénale Internationale pour exiger la reconnaissance des « crimes de guerre » dIsraël et la condamnation de ses dirigeants. La justice internationale doit sortir de son silence. Limpunité doit cesser.

Garantir les droits légitimes du peuple palestinien.

Il ny a pas de fatalité à la guerre. Plutôt que limpasse de lescalade militaire, un chemin existe pour créer les conditions de la paix et la cohabitation de deux états souverains et indépendants assurant le droit du peuple palestinien et du peuple israélien à vivre en liberté et en sécurité.
Si le préalable doit être la fin immédiate des hostilités et des actes de violence qui nourrissent la radicalisation du conflit de part et dautres de la frontière, une paix juste et durable ne pourra voir le jour qu’à condition que lon garantisse enfin les droits légitimes du peuple palestinien.
Comme laffirme lUnion des Juifs pour la Paix (UJPP) : « Tant que lEtat dIsraël ne sera pas comptable de sa politique illégale doccupation, des violations du droit international et des nombreux crimes de guerre, une paix fondée sur l’égalité des droits sera impossible ».
La première de nos responsabilités est de faire en sorte quenfin la Palestine soit reconnue comme un état sur la scène internationale. Après avoir soutenu sa candidature en tant qu’état observateur au sein de lONU en novembre 2012, la France doit engager sa puissance diplomatique au service de la reconnaissance de l’état palestinien sur la base des frontières de 1967, condition indispensable pour une solution à deux états disposant des mêmes droits et des mêmes devoirs. Alors que plus de 125 pays se sont dores et déjà prononcés pour la reconnaissance de l’état palestinien, la France ne peut rester muette plus longtemps. 
Le respect des droits fondamentaux du peuple palestinien implique également la levée immédiate du blocus criminel imposé par l’état israélien sur la bande de Gaza rendant la vie impossible et réduisant à néant toute perspective de développement économique. Comment reconstruire sans outils ou matériaux ? Comment soigner sans médicaments ou matériel médical. Le blocus cest la guerre. De la même façon, aucune avancée notable pour la paix ne pourra être envisagée sans que ne cesse immédiatement le processus de colonisation illégal des territoires palestiniens par les colons israéliens. Quel état, quel peuple accepterait que ses terres soient occupées par une puissance étrangère ?
Enfin, la pacification des relations entre les deux protagonistes doit reposer sur la libération des milliers de prisonniers politiques palestiniens détenus dans les geôles israéliennes, au mépris du droit international.
Pas de paix sans la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Cest à cette condition, et à cette condition seulement, que seront réunies les exigences dexistence de deux états souverains et indépendants.
Parce que nous sommes nombreux à souhaiter pouvoir parler un jour de ce conflit au passé. Parce que nous sommes nombreux à être convaincus qu'une issue politique peut garantir une paix juste et durable, nous sommes nombreux à continuer d’écrire ton nom, Palestine.