Après des semaines de tergiversation, la date du
prochain congrès du Parti Socialiste a fini par tomber. Il aura lieu les 5, 6
et 7 juin 2015.
Réclamée par les militants, appuyée par un certain
nombre de dirigeants du Parti afin de pouvoir débattre de la ligne politique du
gouvernement et du positionnement du Parti, la date du congrès était jusque-là
soumise à de houleux débats. L’exécutif poussant depuis quelques semaines pour
un congrès en 2016, assez peu pressé qu’il était de confronter son orientation
politique aux suffrages des militants socialistes.
Et pour cause. Un congrès, c’est donner la
parole aux militants, c’est leur permettre de juger et d’apprécier
l’orientation et les choix politiques effectués depuis deux ans et demi alors
que ceux-ci sont, de l’aveux même de Pierre Moscovici, « assez peu
naturels » à gauche.
Alors ce congrès du Parti Socialiste ne pourra pas
être un congrès comme les autres. Il ne pourra pas se limiter à un débat feutré
entre courants suivi d’une « synthèse » et enfin, de l’élection d’une
nouvelle direction. Non. Cette consultation des militants doit être d’une autre
ampleur. Elle doit permettre un débat franc, sans fard ou faux-semblant. Ce
congrès devra poser les débats profonds qui ont traversé notre famille
politique ces derniers mois, sans exclusives, et le vote des militants devra
permettre de les trancher.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un congrès où
chacun assume ses positions devant le suffrage des militants sans se dérober.
Il faudra que les débats soient clairs pour que la clarification des militants le
soit aussi.
Il faudra que ceux qui aspirent à gouverner notre
pays avec la droite et le centre le disent et assument la confrontation avec
ceux qui privilégient le rassemblement de forces de gauche. Et il faudra que
les militants tranchent.
Il faudra que ceux qui pensent que « le mot
socialiste ne veut plus rien dire » l’assument et ne fuient pas la
confrontation avec ceux qui pensent que le progrès social, le partage des
richesses sont encore des idées neuves. Et il faudra que les militants
tranchent.
Il faudra que ceux qui considèrent que la défense
des travailleurs est une idée « passéiste » l’assument face à ceux
qui continuent de penser que la gauche c’est avant tout agir pour défendre les
intérêts de ceux qui vivent de leur travail. Et il faudra que les militants
tranchent.
Il faudra que ceux qui ont érigé le cap
austéritaire comme un horizon indépassable ne se dérobent pas face à ceux qui
depuis des mois affirment qu’une autre politique est possible, pour renouer
avec la justice et l’égalité. Et il faudra que les militants tranchent.
Ces débats-là, il serait irresponsable de les
esquiver. Le congrès devra les clarifier. Il nous reviendra à nous, militants
socialistes de définir ce que nous voulons pour notre parti entre deux chemins
qui ne cessent de s’éloigner l’un de l’autre.
Car le ciment qui fédérait toutes les branches de
notre famille n’est plus. Ce ciment, c’était cet attachement, partagé par tous,
au monde du travail, aux salariés et à leurs représentants syndicaux. On
pouvait diverger sur les réponses à apporter, mais on s’accordait sur le fait
que c’était bien au monde du travail que nous devions collectivement apporter
un débouché. Ce ciment a fini par céder sous les coups de
boutoir de certains et de leurs déclarations d’amour au Medef.
Alors il va falloir trancher entre deux chemins dont la cohabitation semble
à bien des égards menacée désormais. Voilà le poids qui nous est confié.
Le premier chemin, c’est celui de ceux qui, sous couvert de modernité et de
pragmatisme, éloignent chaque jour un peu plus la gauche de ses promesses et de
ses racines. C’est celui de ces gestionnaires qui se rallient aujourd’hui aux
thèses libérales que nous combattions hier.
L’autre chemin, c’est celui de ceux qui continuent d’envisager la gauche
comme une force politique qui refusent de se soumettre à l’ordre établi et qui
continuent de se lever pour transformer la société et combattre les inégalité,
dans le rassemblement de toutes ses composantes.
Cette clarification sera déterminante. Ceux d’entre nous qui se verront
confortés par le vote des militants auront, que ce soit les uns ou les autres,
la légitimité requise pour définir l’identité de notre parti. Ceux qui à
l’inverse seront rendus minoritaires par les militants devront en tirer toutes
les conséquences qui s’imposent.
Il n’y aura pas d’échappatoire.