jeudi 12 juin 2014

Le football financiarisé porte en lui les germes de sa destruction.

 
 



Le football est un sport unique, universel évidemment et populaire à n’en pas douter, aux quatre coins du monde on touche au ballon rond. Mais à l’aube de la 20e édition de la coupe du monde de la FIFA qui se tiendra dans quelques heures au Brésil, qu'est devenu le football à l'aube du capitalisme triomphant?  

On ne parle plus du football de Socrates et de son célèbre maillot « Democratia » qui dénonçait les dictatures en Amérique du Sud. On ne parle plus du football de Carlos Casezely, jouer chilien, dont les proches ont été torturés après qu’il ai refusé de serrer la main de Pinochet. On ne parle plus non plus des supporter de Liverpool qui, des mois durant, dans les tribunes de leur stade, ont affichés leur soutien aux mineurs anglais en grève contre la politique antisociale de Margaret Thatcher.

Le football de ces année-là étaient un football irrigué par les histoires et les identités sociales. Un football ancré dans les luttes, qui véhiculait, sur le terrain et dans les tribunes, les aspirations populaires et démocratiques de la société.

Ce football a disparu dans les années 1990. Le 25 mars 1997, Robbie Fowler, avant-centre de Liverpool arbore, après un but, sous son maillot un T-shirt rouge de soutien à la grève des dockers de Liverpool. Le joueur sera sanctionné par la FIFA, à la demande des sponsors qui refusent de voir leur marque et leur logo associé à cette actualité politique. Le football a changé.

Le football d’aujourd’hui, c’est le football financiarisé, celui qui n’a pas échappé au domaine marchand, qui a été intégré au système capitalisme mondial. Le football a été transformé par l’essor du libéralisme. Il n’a plus grand chose d’un sport populaire, spontané et gratuit, il se résume dorénavant à une compétition (libre et non faussée ?) entre des « clubs », mastodontes de la finance, côtés en bourse, rachetés par des milliardaires ou des fonds de pension qui salivent sur les profits potentiels. Les intérêts financiers ont pris le dessus sur les intérêts sportifs. Les actionnaires du foot mondial nous ont confisqué le sport et la compétition. Pire, en attirant les oligarques corrompus du monde entier, le football a trop souvent servi, ces dernières années, de blanchiseuse à argent sale.  

Nous sommes bien loin de l’idéal du sport.

L’actualité de cette coupe du monde nous le rappel violemment. Les milliards d’euros investis dans cette « grande fête du football » auront profité aux multinationales qui se sont partagé de juteux contrats. Est-il normal que ces milliards d'investissements aient servi à répondre aux exigences voraces de la FIFA plutôt qu'aux revendications sociales du peuple brésilien qui manifeste pour défendre les services publics, le droit à l'éducation ou à la santé? Le sport ne peut être envisagé sur le dos des peuples.
 
La grande fête du football s’est transformée en une grande fête des intérêts financiers. Et pas question que les travailleurs du métro de Sao polo ne viennent gâcher la fête, la justice brésilienne, main dans la main avec les intérêts des grandes entreprises et de la FIFA a rendu la grève illégale.

Cette financiarisation du football porte en elle les germes de sa destruction, comme la nuée porte l’orage. Il convient de la combattre. Le sport et le football sont des questions politiques que la gauche doit se réapproprier.

Le sport est un outil au service de l’émancipation humaine et collective, un outil d’éducation, et de vivre ensemble. Il convient d’en garantir la démocratisation en sortant les pratiques sportives des logiques marchandes. Pour cela, la vie associative (clubs, fédérations…) doit être renforcée comme pilier de l’organisation du sport dans notre pays. C’est une garantie face aux dérives commerciales et financières à l’œuvre depuis plusieurs années.

Le sport n’est pas une marchandise, c’est un droit, rendons le effectif.

En attendant, allez les bleus.