dimanche 24 août 2014

Un Week-End en Parti de Gauche.


 


Militant socialiste, je suis allé aux Remu-Méninges du Parti de Gauche qui se déroulaient ce week-end à Grenoble. Et je ne regrette pas. Etat des lieux, non exhaustif, de ce que je partage et de ce que je ne partage pas.    

Battre en brèche les politiques d’austérité !


Le cap sinistre de la réduction des dépenses publiques érigé comme horizon indépassable est irresponsable. La contestation de cette voie austéritaire ne cesse de se faire de plus en plus forte à gauche. Jusqu’au sein même du gouvernement. Et pour cause, partout où elles ont été appliquées, ces politiques ont plongé l’économie dans la récession, les peuples dans la souffrance sociale et contribuent aujourd’hui à nourrir la résignation et à servir de terreau fertile à une extrême droite en embuscade. Cette convergence anti-austéritaire nous devons la faire vivre, la renforcer, lui donner de la visibilité. Nous devons convaincre qu’une autre politique est possible à gauche. Qu’il n’y a pas de fatalité.

Construire la synthèse, du socialisme, de l’écologie et de la République.


« Le temps d’une nouvelle perspective est venu ». De la résistance que nous devons opposer à l’offensive austéritaire de ce gouvernement doit émerger une riposte politique forte, dessinant les contours du nouveau chemin que nous souhaitions voir la gauche emprunter.  Ce nouveau chemin doit puiser dans ce qui fait l’identité et la raison d’être de notre camp politique: la défense des intérêts de ceux qui vivent de leur travail.  Mais ce chemin se doit également d’intégrer les nouveaux défis qui nous sont posés, au premier rang desquels se situe l’enjeu climatique. C’est à cette nouvelle synthèse que se propose de répondre l’écosocialisme que nous partageons aujourd’hui avec le Parti de Gauche. Issu du constat que le capitalisme, génétiquement productiviste, épuise le travailleur et la terre, ce nouveau modèle de développement se propose d’engager une rupture avec le libéralisme et les logiques financières dominantes. Il doit incarner un ciment capable de fédérer les forces de progrès : socialistes sincères, communistes, écologistes, membres du Parti de Gauche.

Enfin, il paraît clair que ce nouveau chemin ne peut être qu’un chemin qui nous mène vers une VIe République condition d’un réel renforcement démocratique dans notre pays.

Tout cela, nous le partageons. Bâtir ce chemin, au carrefour du socialisme, de l’écologie et de la République, c’est avoir la garantie de ne pas s’égarer et de rassembler autour d’une ambition claire.  

Fédérer le peuple ?


Quel moyen pour y parvenir ? Après les difficultés traversées par le front de Gauche, le PG semble désormais préconiser une logique de « front du peuple » pour défaire le système oligarchique, se revendiquant de l’expérience de Podemos en Espagne. Dans cette perspective de s’émanciper des « cartels politiques traditionnels », Jean-Luc Mélenchon, mandaté pour construire cette « insurrection citoyenne », a affirmé, a plusieurs reprises que l’enjeu désormais ne résidait plus dans le rassemblement des forces de gauche, mais bien dans le « rassemblement du peuple » autour de la revendication d’une nouvelle Constituante.

Si l’ambition de fédérer le peuple est incontournable, notamment dans la perspective de la conquête du pouvoir politique, l’économie du travail, arasant, mais nécessaire, de rassemblement de toutes les composantes de la gauche qui restent fidèles à la transformation sociale peut paraître hasardeuse. En effet, le rassemblement des forces populaires, l’implication citoyenne et la mise en branle des forces sociales dont nous avons aujourd’hui besoin pour écrire une nouvelle page de notre histoire commune ne jaillira que d’une puissante dynamique de rassemblement de toutes les forces de gauche antilibérales. Personne ne fera ce travail seul. C’est de notre capacité à fédérer, au-delà de nos sensibilités, autour d’une nouvelle ambition sociale et écologiste qu’apparaitra notre capacité à jalonner un chemin alternatif. Le rassemblement de la gauche, irriguée des aspirations populaires est un préalable au rassemblement du peuple. Faire l’économie du premier, c’est risquer de compromettre le second.

« L’heure vient toujours où la lumière est plus forte que l’ombre » déclarait Jean-Luc Mélenchon dans sa conclusion. Ajoutons que l’unité de la gauche anti-austéritaire et sa détermination sont des prérequis pour que cette heure ne tarde pas trop.

samedi 9 août 2014

Je continue d'écrire ton nom, Palestine.




La mobilisation en faveur de la paix en Palestine doit redoubler. Alors que le camp des pacifistes avait réussi à imposer la trêve, après des semaines de mobilisation partout dans le monde, le gouvernement de Benyamin Netayahou semble sur le point de lancer une nouvelle offensive militaire contre la bande de Gaza. Il faut saluer la mobilisation impressionnante et des militant-e-s de la paix partout dans le monde, et notamment des militants israéliens, syndicalistes, artistes, responsables politiques ou simples citoyens qui ont combattu, dès les premiers jours, l'opération militaire de leur gouvernement. Insultés, considérés comme des « traîtres », ces opposants à la guerre ont été attaqués et parfois passés à tabac par les franges de lextrême droite israélienne. Mais ce quils ont démontré, avec ceux qui défilaient à Paris, Madrid, Washington ou Sydney est bien plus fort : la voix de la paix existe. LHistoire leur donnera raison.

Limpasse de lacharnement militaire.
La trêve fragile consentie par les autorités israéliennes face à la pression internationale ne doit pas faire oublier les exactions commises par larmée israélienne qui a fait de la bande de Gaza un vaste champ de bataille depuis près dun mois, ainsi que limpasse à laquelle a mené la stratégie militaire du gouvernement de Netanyahou.
Le bilan est terrible : 1 875 morts (près de 85% de civils), dont 430 enfants et adolescents. Impossible de continuer de penser que larmée israélienne mène à Gaza une guerre de « protection » contre le Hamas pour assurer la sécurité de ses ressortissants. La réalité est que cette guerre est une guerre larvée contre le peuple palestinien tout entier.
En aucun cas, lacharnement militaire du gouvernement israélien ne permettra de créer les conditions dune cohabitation pacifique et durable entre deux états palestinien et israélien. Au contraire, cela ne peut contribuer, in fine, qu’à cristalliser les tensions et à radicaliser la société palestinienne.
« On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre » nous avertissait déjà Jean Jaurès dont nous avons célébré le centenaire de la mort la semaine dernière. LEspagne na pas construit la paix avec lETA par la guerre, La Grande-Bretagne na pas construit la paix avec l'Irlande par la guerre, Israël ne construira pas la paix avec la Palestine par la guerre.


 Mettre fin à limpunité dIsraël. 

Faire avancer le camp de la paix, cest donc lutter avec fermeté contre lacharnement militaire dIsraël et mettre fin à limpunité de ses crimes. Il y a quelques mois déjà, lexpert indépendant du Conseil des Droits de lHomme des Nations Unies alertait sur la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés affirmant que celle-ci présentait les caractéristiques de « lapartheid » et du « nettoyage ethnique ».
A loccasion d ce nouveau conflit, larmée israélienne sest à nouveau jouée du droit international. A plusieurs reprises, ses frappes aériennes ont pris pour cible la population palestinienne ainsi que des écoles de lONU ou même des hôpitaux faisant de nombreux morts civils dont un membre de lorganisation. Ban Ki Moon, le secrétaire général de lONU a réagi en qualifiant ces bombardements « dactes criminels », ajoutant quils constituaient une « nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international ». La condamnation de cette politique est nécessaire mais ne peut en aucun cas suffire. La communauté internationale, si elle ne veut pas être complice, doit engager de véritables sanctions contre les autorités israéliennes. Toutes les initiatives qui ont été prises ces dernières semaines pour dénoncer ces violations du droit international doivent être saluées. En Amérique du Sud, plusieurs états ont procédé au retrait de leur ambassadeur dIsraël (Salvador, Brésil, Pérou, Equateur et Chili) pour dénoncer la politique « génocidaire menée par l’état colon ». La Bolivie de son côté a décidé dintégrer l’état dIsraël sur sa liste des états terroristes. En Europe, lEspagne a annoncé le 4 aout dernier son intention de suspendre totalement ses ventes darmes à Israël.
Ces décisions doivent être amplifiées. La France, à travers son président de la République doit porter dune voix forte larrêt immédiat de toute coopération militaire et la mise en place dun embargo total sur les armes à destination dIsraël et du Hamas. Faisons nôtre la déclaration de sept prix Nobel de la paix dans un appel daté du 18 juillet : « Vendre des armes à Israël, cest être complice de lattaque contre Gaza ». Ces dernières années, les pays européens ont exporté des milliards d'euros de matériel militaire à destination dIsraël assurant ainsi la puissance de feu de cet état. A elle seule, la France a délivré une autorisation dexportation militaire de plus de 200 millions deuros en 2012. Cela doit cesser.
Enfin, la France doit soutenir linitiative du ministre palestinien de la justice qui a engagé une procédure auprès de la Cour Pénale Internationale pour exiger la reconnaissance des « crimes de guerre » dIsraël et la condamnation de ses dirigeants. La justice internationale doit sortir de son silence. Limpunité doit cesser.

Garantir les droits légitimes du peuple palestinien.

Il ny a pas de fatalité à la guerre. Plutôt que limpasse de lescalade militaire, un chemin existe pour créer les conditions de la paix et la cohabitation de deux états souverains et indépendants assurant le droit du peuple palestinien et du peuple israélien à vivre en liberté et en sécurité.
Si le préalable doit être la fin immédiate des hostilités et des actes de violence qui nourrissent la radicalisation du conflit de part et dautres de la frontière, une paix juste et durable ne pourra voir le jour qu’à condition que lon garantisse enfin les droits légitimes du peuple palestinien.
Comme laffirme lUnion des Juifs pour la Paix (UJPP) : « Tant que lEtat dIsraël ne sera pas comptable de sa politique illégale doccupation, des violations du droit international et des nombreux crimes de guerre, une paix fondée sur l’égalité des droits sera impossible ».
La première de nos responsabilités est de faire en sorte quenfin la Palestine soit reconnue comme un état sur la scène internationale. Après avoir soutenu sa candidature en tant qu’état observateur au sein de lONU en novembre 2012, la France doit engager sa puissance diplomatique au service de la reconnaissance de l’état palestinien sur la base des frontières de 1967, condition indispensable pour une solution à deux états disposant des mêmes droits et des mêmes devoirs. Alors que plus de 125 pays se sont dores et déjà prononcés pour la reconnaissance de l’état palestinien, la France ne peut rester muette plus longtemps. 
Le respect des droits fondamentaux du peuple palestinien implique également la levée immédiate du blocus criminel imposé par l’état israélien sur la bande de Gaza rendant la vie impossible et réduisant à néant toute perspective de développement économique. Comment reconstruire sans outils ou matériaux ? Comment soigner sans médicaments ou matériel médical. Le blocus cest la guerre. De la même façon, aucune avancée notable pour la paix ne pourra être envisagée sans que ne cesse immédiatement le processus de colonisation illégal des territoires palestiniens par les colons israéliens. Quel état, quel peuple accepterait que ses terres soient occupées par une puissance étrangère ?
Enfin, la pacification des relations entre les deux protagonistes doit reposer sur la libération des milliers de prisonniers politiques palestiniens détenus dans les geôles israéliennes, au mépris du droit international.
Pas de paix sans la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Cest à cette condition, et à cette condition seulement, que seront réunies les exigences dexistence de deux états souverains et indépendants.
Parce que nous sommes nombreux à souhaiter pouvoir parler un jour de ce conflit au passé. Parce que nous sommes nombreux à être convaincus qu'une issue politique peut garantir une paix juste et durable, nous sommes nombreux à continuer d’écrire ton nom, Palestine.