Militant socialiste, je suis allé aux Remu-Méninges du Parti de Gauche qui
se déroulaient ce week-end à Grenoble. Et je ne regrette pas. Etat des lieux,
non exhaustif, de ce que je partage et de ce que je ne partage pas.
Battre en brèche les politiques d’austérité !
Le cap sinistre de la réduction des dépenses publiques érigé comme horizon
indépassable est irresponsable. La contestation de cette voie austéritaire ne
cesse de se faire de plus en plus forte à gauche. Jusqu’au sein même du
gouvernement. Et pour cause, partout où elles ont été appliquées, ces
politiques ont plongé l’économie dans la récession, les peuples dans la
souffrance sociale et contribuent aujourd’hui à nourrir la résignation et à servir
de terreau fertile à une extrême droite en embuscade. Cette convergence
anti-austéritaire nous devons la faire vivre, la renforcer, lui donner de la
visibilité. Nous devons convaincre qu’une autre politique est possible à
gauche. Qu’il n’y a pas de fatalité.
Construire la synthèse, du
socialisme, de l’écologie et de la République.
« Le temps d’une nouvelle perspective est venu ». De la résistance
que nous devons opposer à l’offensive austéritaire de ce gouvernement doit
émerger une riposte politique forte, dessinant les contours du nouveau chemin
que nous souhaitions voir la gauche emprunter. Ce nouveau chemin doit puiser dans ce qui fait
l’identité et la raison d’être de notre camp politique: la défense des intérêts
de ceux qui vivent de leur travail. Mais
ce chemin se doit également d’intégrer les nouveaux défis qui nous sont posés,
au premier rang desquels se situe l’enjeu climatique. C’est à cette nouvelle
synthèse que se propose de répondre l’écosocialisme que nous partageons aujourd’hui
avec le Parti de Gauche. Issu du constat que le capitalisme, génétiquement productiviste,
épuise le travailleur et la terre, ce nouveau modèle de développement se
propose d’engager une rupture avec le libéralisme et les logiques financières
dominantes. Il doit incarner un ciment capable de fédérer les forces de progrès :
socialistes sincères, communistes, écologistes, membres du Parti de Gauche.
Enfin, il paraît clair que ce nouveau chemin ne peut être qu’un chemin qui
nous mène vers une VIe République condition d’un réel renforcement démocratique
dans notre pays.
Tout cela, nous le partageons. Bâtir ce chemin, au carrefour du socialisme,
de l’écologie et de la République, c’est avoir la garantie de ne pas s’égarer
et de rassembler autour d’une ambition claire.
Fédérer le peuple ?
Quel moyen pour y parvenir ? Après les difficultés traversées par le
front de Gauche, le PG semble désormais préconiser une logique de « front
du peuple » pour défaire le système oligarchique, se revendiquant de l’expérience
de Podemos en Espagne. Dans cette perspective de s’émanciper des « cartels
politiques traditionnels », Jean-Luc Mélenchon, mandaté pour construire
cette « insurrection citoyenne », a affirmé, a plusieurs reprises que
l’enjeu désormais ne résidait plus dans le rassemblement des forces de gauche,
mais bien dans le « rassemblement du peuple » autour de la
revendication d’une nouvelle Constituante.
Si l’ambition de fédérer le peuple est incontournable, notamment dans la perspective
de la conquête du pouvoir politique, l’économie du travail, arasant, mais
nécessaire, de rassemblement de toutes les composantes de la gauche qui restent
fidèles à la transformation sociale peut paraître hasardeuse. En effet, le
rassemblement des forces populaires, l’implication citoyenne et la mise en
branle des forces sociales dont nous avons aujourd’hui besoin pour écrire une
nouvelle page de notre histoire commune ne jaillira que d’une puissante
dynamique de rassemblement de toutes les forces de gauche antilibérales.
Personne ne fera ce travail seul. C’est de notre capacité à fédérer, au-delà de
nos sensibilités, autour d’une nouvelle ambition sociale et écologiste qu’apparaitra
notre capacité à jalonner un chemin alternatif. Le rassemblement de la gauche, irriguée
des aspirations populaires est un préalable au rassemblement du peuple. Faire l’économie
du premier, c’est risquer de compromettre le second.
« L’heure vient toujours où la lumière est plus forte que l’ombre »
déclarait Jean-Luc Mélenchon dans sa conclusion. Ajoutons que l’unité de la
gauche anti-austéritaire et sa détermination sont des prérequis pour que cette heure
ne tarde pas trop.