dimanche 25 mai 2014

Encore combien de 21 avril ?



Combien faudra-t-il de 21 avril pour que la gauche sursaute et se donne enfin les moyens de sortir du marasme dans lequel elle se trouve plongée depuis des décennies ?

Il y a eu le 21 avril 2002, lorsque Lionel Jospin, éliminé du second tour des élections présidentielles au profit du front national, déclarait tirer « toutes les conclusions » de la défaite et annonçait son retrait « de la vie politique ».
Il y a eu le 21 avril de Brignoles, lorsqu’un candidat FN s’est hissé en tête lors du second tour des élections cantonales partielles dans un ancien bastion ouvrier.
Puis il y a eu le 21 avril municipal, lorsque la formation d’extrême droite s’est emparée de 12 municipalités, dont plusieurs au détriment de la gauche.

Mais cela n’a pas suffit, et ce soir, douze ans après le 21 avril 2002, les socialistes sont à nouveau relégués au troisième rang du paysage politique français. Mais cette fois, chose aggravante, c’est le front national qui occupe la première place avec 25% des voix, soit dix de plus que le PS. Près d'un tiers des députés européens français seront donc du FN. Le coup est rude.

Cette fois, nous n’avons plus le droit de tergiverser, nous n’avons plus le droit de minorer ce nouvel échec ou de désigner nos partenaires de gauche comme responsables. Il faut regarder les choses en face. Si nous ne voulons pas que le prochain 21 avril ai lieu un soir de mai 2017, nous avons une responsabilité : tirer toutes les conclusions de cette nouvelle défaite, à défaut de quoi nous serons, à l’avenir, durablement « retiré de la vie politique ». Réagir ou mourir, sursauter ou trépasser, cette fois, la gauche est à la croisée des chemins. 

Si la droite et l’extrême caracolent en tête ce soir, ce n’est pas parce que les français plébiscitent l’orientation libérale de la construction européenne ou adhèrent à la sortie de l’Union. Ce qui fait la force du camp réactionnaire, comme lors du scrutin municipal, c’est l’abstention massive de l’électorat de gauche.  

Cette abstention, n’est pas de la responsabilité des candidats socialistes investis. Qu’ils soient jeunes ou vieux, issus de la société civile ou eurodéputés sortants, tous ont subi la même défiance dans les urnes. La même défiance, pour la même raison : un fossé grandissant qui se creuse entre les aspirations populaires de ceux qui nous ont porté au pouvoir et l’orientation politique et budgétaire actuel de notre gouvernement. Pourquoi nos électeurs se tourneraient-ils vers nous le temps d’un dimanche électoral, alors que nous tournons le dos à leurs aspirations le reste de l’année ?

Force est de constater que la nomination de Manuel Valls n’a pas suffit à combler ce fossé, pire ce nouvel échec électoral nous laisse à penser que la feuille de route austéritaire du nouveau gouvernement a nourri, encore un peu plus, la résignation dans notre propre camp. L’annonce d’un plan d’économie de 50 milliards d’euro au lendemain des élections municipales rend caduc toute ambition de renouer avec le partage des richesses et le progrès social. Ces nouveaux renoncements ont sans doute pesés sur le comportement des électeurs qui nous sont habituellement fidèles. Comme eux, nous savons que ce n’est pas le mandat qui nous a été confié en mai 2012. Comme eux, nous avons la certitude que la gauche ne peut pas réussir dans le cadre de l’orthodoxie budgétaire.

Tirer les leçons de cette déroute électorale, c’est rompre avec la logique austéritaire du gouvernement et renouer avec la promesse d’égalité et de justice pour combler le fossé qui se creuse avec le pays. La montée du FN comme la défaite de la gauche ne sont pas des fatalités à condition que celle-ci n’oublie pas par qui elle a été élue et ne se dérobe pas à ce qui fait sa raison d’être : transformer la société.  
Alors, prenons la prochaine à gauche, il est encore temps, créons, dans l’unité, les conditions du progrès et de la justice sociale, mettons en minorité les tenants d’une « austérité de gauche » qui n’a de gauche que l’étiquette, sinon, il y aura d’autres 21 avril. Irrémédiables ceux-là. 

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