mercredi 15 avril 2015

Awa, femme de ménage au centre des finances publiques, en grève depuis le 11 mars.


Ce mardi 14 avril, une affichette scotchée sur les grilles de la direction régionale des finances publiques dans le 4e arrondissement informe que l’accès à l’établissement sera fermé à partir de 15h30. Et pour cause, cet après-midi-là, les grévistes de la TFN (Prestataire de nettoyage des finances publiques) se sont donnés rendez-vous sur place, pour faire entendre leurs revendications.
En grève depuis le 11 mars, ces salarié-e-s, très majoritairement des femmes, issues de l’immigration, qui travaillent tous les soirs dans les bureaux des centres des finances publiques pour en assurer le nettoyage ont décidé de faire connaître la misère qu’elles subissent quotidien.
D’abord réticente à répondre aux questions, prétextant un mauvais français, Awa, fini par expliquer les raisons qui l’ont poussé à se mettre en grève avec ses collègues, pour la première fois de sa vie : « ils nous traitent comme des esclaves » explique-t-elle avant de continuer « il y a trop de travail, on y arrive pas parce que l’on doit tout faire en quelques heures, et on ne gagne pas assez d’argent pour pouvoir vivre avec nos familles ». Car là est le cœur du problème, ces femmes ne travaillent que quelques heures par jour, totalisant rarement plus de 10h de travail par semaine et plus de 500€ mensuel. La précarité des temps-partiels et des bas salaires subis au quotidien.
Alors à l’heure prévue le rassemblement a réuni une trentaine de grévistes et de militants syndicaux. Le mégaphone a raisonné, des tracts signés par les branches CGT et Solidaires des finances publiques ont été imprimés puis distribués.
Ces femmes peu habituée à exposer leurs aspirations revendiquent désormais haut et fort des contrats de travail de 16h hebdomadaires minimum, le versement d’un 13e mois ainsi que le remboursement à hauteur de 50% de leur frais de transport. Depuis des mois, elles ont interpellé leur employeur et l’état, donneur d’ordre. Aucune réponse ne leur a été adressée. Soutenues par les organisations syndicales des finances publiques et par les agents des centres dans lesquelles elles travaillent (nombreux d’entre eux ont signé une pétition de soutien), ces femmes ont refusées de se résigner à ceux que leurs revendications restent lettre morte. Leur détermination est intacte après plus d’un mois de lutte, ce qui fait dire au représentant CGT qui accompagne leur grève qu’elles « ne lâcheront rien, qu’elles seront intransigeantes sur leurs revendications ».

Il va même jusqu’à faire un parallèle avec l’emblématique lutte des femmes de ménages grecques du ministère de l’économie qui ont engagé en 2013 une lutte de 19 mois contre l’annonce de leurs licenciements, devenant le symbole de la résistance du peuple grec aux politiques d’austérité. Le 29 janvier dernier, elles étaient ré-intégreés suite à la victoire de Syriza, parti de la gauche anti-austéritaire.  L’issue heureuse de leur lutte constitue évidemment « un modèle » pour les travailleuses de la TFN.

Plus près de chez elle, la victoire de femmes de chambre du palace parisien Park Hyatt contre la précarité salariale et les cadences infernales il y a quelques semaines ont sans doutes nourris les aspirations d’Awa et de ses collègues.
La multiplication de ces mobilisations dans les secteurs les plus précaires de notre économie (hôtellerie, nettoyage…) témoignent de la vitalité des aspirations du monde du travail à de meilleures conditions de travail  et de rémunération salariale. Leurs victoires montrent que ces choix ne sont pas confisqués, que la route du progrès social n’es pas une route définitivement « barrée ».
Le gouvernement, élu par les forces du travail devrait s’en souvenir plutôt que de parler uniquement la langue du patronat. Aimer l’entreprise ça ne peut pas être aimer la direction de TFN sourde aux revendications de ces salariés malgré 1,3 milliards d’euro de chiffre d’affaire. Aimer l’entreprise, c’est aimer les employés, les travailleurs qui la font vivre au quotidien, c’est être attentif à leurs revendications comme celles d’Awa et de ses collègues.

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