Ce mardi 14 avril, une affichette scotchée sur les grilles de la direction
régionale des finances publiques dans le 4e arrondissement informe
que l’accès à l’établissement sera fermé à partir de 15h30. Et pour cause, cet
après-midi-là, les grévistes de la TFN (Prestataire de nettoyage des finances
publiques) se sont donnés rendez-vous sur place, pour faire entendre leurs
revendications.
En grève depuis le 11 mars, ces salarié-e-s, très majoritairement des
femmes, issues de l’immigration, qui travaillent tous les soirs dans les
bureaux des centres des finances publiques pour en assurer le nettoyage ont
décidé de faire connaître la misère qu’elles subissent quotidien.
D’abord réticente à répondre aux questions, prétextant un mauvais français,
Awa, fini par expliquer les raisons qui l’ont poussé à se mettre en grève avec
ses collègues, pour la première fois de sa vie : « ils nous traitent
comme des esclaves » explique-t-elle avant de continuer « il y a trop
de travail, on y arrive pas parce que l’on doit tout faire en quelques heures,
et on ne gagne pas assez d’argent pour pouvoir vivre avec nos familles ».
Car là est le cœur du problème, ces femmes ne travaillent que quelques heures
par jour, totalisant rarement plus de 10h de travail par semaine et plus de
500€ mensuel. La précarité des temps-partiels et des bas salaires subis au
quotidien.
Alors à l’heure prévue le rassemblement a réuni une trentaine de grévistes
et de militants syndicaux. Le mégaphone a raisonné, des tracts signés par les
branches CGT et Solidaires des finances publiques ont été imprimés puis distribués.
Ces femmes peu habituée à exposer leurs aspirations revendiquent désormais
haut et fort des contrats de travail de 16h hebdomadaires minimum, le versement
d’un 13e mois ainsi que le remboursement à hauteur de 50% de leur
frais de transport. Depuis des mois, elles ont interpellé leur employeur et
l’état, donneur d’ordre. Aucune réponse ne leur a été adressée. Soutenues par
les organisations syndicales des finances publiques et par les agents des
centres dans lesquelles elles travaillent (nombreux d’entre eux ont signé une
pétition de soutien), ces femmes ont refusées de se résigner à ceux que leurs
revendications restent lettre morte. Leur détermination est intacte après plus
d’un mois de lutte, ce qui fait dire au représentant CGT qui accompagne leur
grève qu’elles « ne lâcheront rien, qu’elles seront intransigeantes sur
leurs revendications ». Il va même jusqu’à faire un parallèle avec l’emblématique lutte des femmes de ménages grecques du ministère de l’économie qui ont engagé en 2013 une lutte de 19 mois contre l’annonce de leurs licenciements, devenant le symbole de la résistance du peuple grec aux politiques d’austérité. Le 29 janvier dernier, elles étaient ré-intégreés suite à la victoire de Syriza, parti de la gauche anti-austéritaire. L’issue heureuse de leur lutte constitue évidemment « un modèle » pour les travailleuses de la TFN.
Plus près de chez elle, la victoire de femmes de chambre du palace parisien
Park Hyatt contre la précarité salariale et les cadences infernales il y a
quelques semaines ont sans doutes nourris les aspirations d’Awa et de ses
collègues.
La multiplication de ces mobilisations dans les secteurs les plus précaires
de notre économie (hôtellerie, nettoyage…) témoignent de la vitalité des
aspirations du monde du travail à de meilleures conditions de travail et de rémunération salariale. Leurs victoires
montrent que ces choix ne sont pas confisqués, que la route du progrès social
n’es pas une route définitivement « barrée ».
Le gouvernement, élu par les forces du travail devrait s’en souvenir plutôt
que de parler uniquement la langue du patronat. Aimer l’entreprise ça ne peut
pas être aimer la direction de TFN sourde aux revendications de ces salariés
malgré 1,3 milliards d’euro de chiffre d’affaire. Aimer l’entreprise, c’est
aimer les employés, les travailleurs qui la font vivre au quotidien, c’est être
attentif à leurs revendications comme celles d’Awa et de ses collègues.
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