samedi 9 août 2014

Je continue d'écrire ton nom, Palestine.




La mobilisation en faveur de la paix en Palestine doit redoubler. Alors que le camp des pacifistes avait réussi à imposer la trêve, après des semaines de mobilisation partout dans le monde, le gouvernement de Benyamin Netayahou semble sur le point de lancer une nouvelle offensive militaire contre la bande de Gaza. Il faut saluer la mobilisation impressionnante et des militant-e-s de la paix partout dans le monde, et notamment des militants israéliens, syndicalistes, artistes, responsables politiques ou simples citoyens qui ont combattu, dès les premiers jours, l'opération militaire de leur gouvernement. Insultés, considérés comme des « traîtres », ces opposants à la guerre ont été attaqués et parfois passés à tabac par les franges de lextrême droite israélienne. Mais ce quils ont démontré, avec ceux qui défilaient à Paris, Madrid, Washington ou Sydney est bien plus fort : la voix de la paix existe. LHistoire leur donnera raison.

Limpasse de lacharnement militaire.
La trêve fragile consentie par les autorités israéliennes face à la pression internationale ne doit pas faire oublier les exactions commises par larmée israélienne qui a fait de la bande de Gaza un vaste champ de bataille depuis près dun mois, ainsi que limpasse à laquelle a mené la stratégie militaire du gouvernement de Netanyahou.
Le bilan est terrible : 1 875 morts (près de 85% de civils), dont 430 enfants et adolescents. Impossible de continuer de penser que larmée israélienne mène à Gaza une guerre de « protection » contre le Hamas pour assurer la sécurité de ses ressortissants. La réalité est que cette guerre est une guerre larvée contre le peuple palestinien tout entier.
En aucun cas, lacharnement militaire du gouvernement israélien ne permettra de créer les conditions dune cohabitation pacifique et durable entre deux états palestinien et israélien. Au contraire, cela ne peut contribuer, in fine, qu’à cristalliser les tensions et à radicaliser la société palestinienne.
« On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre » nous avertissait déjà Jean Jaurès dont nous avons célébré le centenaire de la mort la semaine dernière. LEspagne na pas construit la paix avec lETA par la guerre, La Grande-Bretagne na pas construit la paix avec l'Irlande par la guerre, Israël ne construira pas la paix avec la Palestine par la guerre.


 Mettre fin à limpunité dIsraël. 

Faire avancer le camp de la paix, cest donc lutter avec fermeté contre lacharnement militaire dIsraël et mettre fin à limpunité de ses crimes. Il y a quelques mois déjà, lexpert indépendant du Conseil des Droits de lHomme des Nations Unies alertait sur la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés affirmant que celle-ci présentait les caractéristiques de « lapartheid » et du « nettoyage ethnique ».
A loccasion d ce nouveau conflit, larmée israélienne sest à nouveau jouée du droit international. A plusieurs reprises, ses frappes aériennes ont pris pour cible la population palestinienne ainsi que des écoles de lONU ou même des hôpitaux faisant de nombreux morts civils dont un membre de lorganisation. Ban Ki Moon, le secrétaire général de lONU a réagi en qualifiant ces bombardements « dactes criminels », ajoutant quils constituaient une « nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international ». La condamnation de cette politique est nécessaire mais ne peut en aucun cas suffire. La communauté internationale, si elle ne veut pas être complice, doit engager de véritables sanctions contre les autorités israéliennes. Toutes les initiatives qui ont été prises ces dernières semaines pour dénoncer ces violations du droit international doivent être saluées. En Amérique du Sud, plusieurs états ont procédé au retrait de leur ambassadeur dIsraël (Salvador, Brésil, Pérou, Equateur et Chili) pour dénoncer la politique « génocidaire menée par l’état colon ». La Bolivie de son côté a décidé dintégrer l’état dIsraël sur sa liste des états terroristes. En Europe, lEspagne a annoncé le 4 aout dernier son intention de suspendre totalement ses ventes darmes à Israël.
Ces décisions doivent être amplifiées. La France, à travers son président de la République doit porter dune voix forte larrêt immédiat de toute coopération militaire et la mise en place dun embargo total sur les armes à destination dIsraël et du Hamas. Faisons nôtre la déclaration de sept prix Nobel de la paix dans un appel daté du 18 juillet : « Vendre des armes à Israël, cest être complice de lattaque contre Gaza ». Ces dernières années, les pays européens ont exporté des milliards d'euros de matériel militaire à destination dIsraël assurant ainsi la puissance de feu de cet état. A elle seule, la France a délivré une autorisation dexportation militaire de plus de 200 millions deuros en 2012. Cela doit cesser.
Enfin, la France doit soutenir linitiative du ministre palestinien de la justice qui a engagé une procédure auprès de la Cour Pénale Internationale pour exiger la reconnaissance des « crimes de guerre » dIsraël et la condamnation de ses dirigeants. La justice internationale doit sortir de son silence. Limpunité doit cesser.

Garantir les droits légitimes du peuple palestinien.

Il ny a pas de fatalité à la guerre. Plutôt que limpasse de lescalade militaire, un chemin existe pour créer les conditions de la paix et la cohabitation de deux états souverains et indépendants assurant le droit du peuple palestinien et du peuple israélien à vivre en liberté et en sécurité.
Si le préalable doit être la fin immédiate des hostilités et des actes de violence qui nourrissent la radicalisation du conflit de part et dautres de la frontière, une paix juste et durable ne pourra voir le jour qu’à condition que lon garantisse enfin les droits légitimes du peuple palestinien.
Comme laffirme lUnion des Juifs pour la Paix (UJPP) : « Tant que lEtat dIsraël ne sera pas comptable de sa politique illégale doccupation, des violations du droit international et des nombreux crimes de guerre, une paix fondée sur l’égalité des droits sera impossible ».
La première de nos responsabilités est de faire en sorte quenfin la Palestine soit reconnue comme un état sur la scène internationale. Après avoir soutenu sa candidature en tant qu’état observateur au sein de lONU en novembre 2012, la France doit engager sa puissance diplomatique au service de la reconnaissance de l’état palestinien sur la base des frontières de 1967, condition indispensable pour une solution à deux états disposant des mêmes droits et des mêmes devoirs. Alors que plus de 125 pays se sont dores et déjà prononcés pour la reconnaissance de l’état palestinien, la France ne peut rester muette plus longtemps. 
Le respect des droits fondamentaux du peuple palestinien implique également la levée immédiate du blocus criminel imposé par l’état israélien sur la bande de Gaza rendant la vie impossible et réduisant à néant toute perspective de développement économique. Comment reconstruire sans outils ou matériaux ? Comment soigner sans médicaments ou matériel médical. Le blocus cest la guerre. De la même façon, aucune avancée notable pour la paix ne pourra être envisagée sans que ne cesse immédiatement le processus de colonisation illégal des territoires palestiniens par les colons israéliens. Quel état, quel peuple accepterait que ses terres soient occupées par une puissance étrangère ?
Enfin, la pacification des relations entre les deux protagonistes doit reposer sur la libération des milliers de prisonniers politiques palestiniens détenus dans les geôles israéliennes, au mépris du droit international.
Pas de paix sans la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Cest à cette condition, et à cette condition seulement, que seront réunies les exigences dexistence de deux états souverains et indépendants.
Parce que nous sommes nombreux à souhaiter pouvoir parler un jour de ce conflit au passé. Parce que nous sommes nombreux à être convaincus qu'une issue politique peut garantir une paix juste et durable, nous sommes nombreux à continuer d’écrire ton nom, Palestine.
 

 

1 commentaire:

  1. Nous vous proposons de porter ensemble une contribution aux États-Généraux du PS appelant notre parti à une position plus claire et ferme en faveur de la légalité internationale et de l´équité vis-à-vis de la Palestine aujourd'hui colonisée par Israël .

    De nombreux élus, responsables et militants socialistes –de toutes sensibilités– ont en effet protesté, cet été, contre le nouveau massacre de Gaza et appelé à ce que la France, dans cette tragédie, agisse pour le droit des peuples et une solution durable. Il convient maintenant defaire prendre position au Parti.

    Si vous êtes d'accord pour partager, cet appel, au nom des valeurs socialistes, dites-nous si vous acceptez de :
    – signer cette contribution (qui figure ci-dessous et en pièce jointe) en indiquant votre adresse courriel, section et fédération ;
    – la proposer dans votre section et votre fédération, avant fin octobre, sous le thème 2 "Transformation et Mondialisation".

    Bertrand PERICEY,
    Secrétaire fédéral adjoint PS-Paris Section Paris 12e - bertrand.pericey@yahoo.fr

    Jacques ROGER-MACHART
    Ancien député PS de Haute-Garonne (1981-1993) - Section Paris 17e
    jacques.roger-machart@orange.fr
    Voir texte ci-dessous

    Faire respecter par Israël les droits de l’homme, la légalité internationale, les principes républicains

    Alors que se déroulait cet été un nouveau carnage à Gaza, le PS s’est contenté d’un appel indifférencié à la paix en ignorant l’injustice fondamentale du rapport colonial entre Israéliens et Palestiniens. Il est urgent de poser les principes qui doivent fonder nos prises de position face aux excès renouvelés de la droite qui gouverne aujourd’hui Israël, alliée à une extrême droite xénophobe et raciste.

    Le souci légitime de sécurité des uns ne saurait être un absolu se traduisant par une absolue insécurité des Palestiniens parqués à Gaza dans une prison à ciel ouvert ; le respect des droits de l’homme et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes requièrent que soient levés le blocus de Gaza et la fermeture des frontières ; le corollaire en est bien sûr l’empêchement des tirs de roquettes sur Israël.

    La colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est par quelque 600.000 Israéliens aujourd’hui annihile toute perspective de Palestine libre ; cela doit cesser et la colonisation reculer, dans le respect de la légalité internationale. Allons plus loin et, comme la Suède ou le Brésil, reconnaissons aux Palestiniens un Etat membre de plein droit des Nations-Unies.

    En Israël même, l’état de droit doit être le même pour tous ; c’est un principe républicain ; le concept même d’Etat juif se traduit par un apartheid à l’égard des non-juifs.

    Les négociations de paix sous l’égide des Etats-Unis ont échoué. Il est illusoire de croire que de simples bons offices pourront un jour amener une solution à deux États dont ne veut pas le gouvernement israélien. Il est temps que la communauté internationale prenne ses responsabilités et impose une solution juste et durable. Au lieu de conforter Israël par un accord d’association, l’UE a les moyens d’exercer des pressions, comme elle sait le faire, par exemple, sur la Russie.

    La France est particulièrement sensible à ce conflit, tant par ses responsabilités historiques dans la région que par le nombre de ses citoyens de religion juive (plus de 600.000) et par le nombre de ses citoyens musulmans ou d’origine arabe (près de 8 millions) ; elle doit à tous une vigilance absolue contre toute forme de racisme. Elle peut jouer un rôle moteur dans l’Union Européenne et peser à l’ONU.

    Cela renforcerait d’ailleurs la légitimité de son implication militaire contre ces fous sanglants de Da’ech et éviterait le procès du « deux poids, deux mesures ». Les principes de justice sont universels !

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